Une journee au college

Cette image ne suffit pas à chasser la fébrilité qui s'empare de moi. Mon cœur bat la chamade, mes pas me mènent résolument vers les tables de ping-pong qui semblent bien loin du portail aujourd'hui. Tehau reste silencieux à mes côtés, il n'ose me regarder, il a la tête basse. Il était présent hier, et doit deviner ce que je ressens. Mäui s’approche de nous, suivi d'une ribambelle de curieux qui ne veulent rien rater du spectacle. Parmi eux, je reconnais Manu et Ariinui, qui habitent le même quartier que Mäui. Je sens alors la fébrilité se transformer en un curieux mélange, entre l'envie de gagner et la peur d'une nouvelle défaite. Sa raquette neuve à la main, il dépose énergiquement son sac sur un banc, tel un chevalier se débarrassant de sa cape. De ses bras, il simule quelques mouvements d'échauffement et vient se placer en face de moi, à l’autre bout de la table. Je rassemble mes forces et tente de me concentrer. Les battements de mon cœur doivent s'entendre à des kilomètres. Une goutte de sueur perle sur mon front, la moiteur de l’air est déjà palpable malgré l’heure matinale, et la brise légère qui fait frémir les branches du pürau. La première manche est lancée. J'ai l'impression que mon cœur va exploser. J'essaie de me ressaisir ; un coup d'œil rapide à Tehau placé sur ma droite me stimule. Pour contrer une balle énergique de mon adversaire, mon revers vif envoie le projectile dans les branches du pürau. Il emporte le premier set. Des murmures parcourent l’attroupement qui s’est formé autour de nous. Je tâche de garder mon calme malgré le tämürë endiablé qui fait battre mon organe vital. Ma main tremble un peu, j'espère seulement que ça ne se voit pas. Les échanges suivants se passent de manière mieux contrôlée, mais je ne peux réfréner le sentiment que je vais encore perdre cette partie. L'avantage est à mon ennemi. 9 Une journée au collège

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