Document 4 : Jules Ferry devant les députés, l'intérêt des colonies Ce discours de Jules Ferry à La Chambre des députés se situe au cœur du débat sur La colonisation qui bat son plein en France dans Les années 1880. Les opposants à La colonisation sont nombreux, non par souci humanitaire mais parce qu'ils jugent que Les intérêts du pays sont en Europe et non outre-mer. Ils pensent entre autre à récupérer L'Alsace-Lorraine, perdue en 1871. Ils souhaitent également que tout soit mis en œuvre pour Le développement économique intérieur, de façon à mieux pouvoir affronter La concurrence des autres pays européens. Pour eux, Les conquêtes coloniales ne sont que perte d'argent et de vies humaines. Jules Ferry est une des grandes figures de La IIIe République. Grand orateur, il fut ministre de L'instruction publique (et on Lui doit Les principes fondamentaux de l' école Laïque, gratuite et obligatoire), ministre des affaires étrangères et enfin président du Conseil de 1883 à mars 1885, date à Laquelle il est mis en minorité à La Chambre sur La question coloniale. Chaud partisan de L'expansion coloniale, il revient donc ici à La charge, en juillet de La même année, comme simple député. Le court extrait présenté ici met en évidence trois éléments majeurs de l'argumentation : Les raisons économiques, morales et stratégiques ... • Sur le plan économique, J. Ferry parle de placements de capitaux et de débouchés. Par débouchés, il songe aux besoins créés au sein des populations colonisées en Les faisant entrer dans une forme de société de consommation (par ex., petits salaires dans Les plantations). Mais il s'agit surtout de s'approvisionner à bon prix de fruits tropicaux et de trouver de bons placements pour Les capitaux accumulés en métropole. • IL avance ensuite des raisons "humanitaires" ou "civilisatrices" sur Lesquelles on sera plus sceptique, d'autant qu'elles ne sont pas dénuées d'un racisme sous-jacent. Les partisans de La colonisation aiment en effet parler de La "mission de l'Homme Blanc" et Leurs discours dérivent vite sur Le devoir pour Les "races supérieures" de civiliser Les "races inférieures". • Les ports de défense et de ravitaillement évoqués en troisième Lieu répondent à L'impérieuse nécessité, à L'époque de La marine à vapeur, de disposer de centres de ravitaillement en divers points du globe. On n'oubliera pas d'autres raisons, comme La recherche de La gloire et de La puissance. On se rappellera également que Les Églises (Église catholique ou Églises protestantes), qui entrent en conflit Les unes avec Les autres, poussent Les puissances dont elles dépendent à intervenir pour soutenir Leur action d'évangélisation. En fait, Les arguments économiques de Jules Ferry n'étaient pas tous fondés. Un historien contemporain, Jacques Marseille, a même émis L'hypothèse (controversée) que La France avait autant dépensé pour ses colonies que celles-ci ne Lui avaient rapporté. Document 5 : échanges commerciaux entre la France et ses colonies en 1913 Ce tableau permet de comprendre Le double intérêt du commerce colonial. IL s'agit bien sûr, en premier Lieu, de se fournir en matières premières agricoles et industrielles que L'on transformera en métropole. Mais ils' agit aussi de trouver des débouchés pour L'industrie métropolitaine qui peut exporter vers Les colonies une partie de sa production, en particulier dans Le domaine des biens d'équipement (ici : constructions métalliques, Locomotives, machines ...). Si, en 1913, l'Empire colonial français arrive au ze rang des partenaires économiques de La France, il accède au 1er rang en 1928, place qu'il ne quittera plus jusqu'à sa chute. Document 6 : leçon de culture aux indigènes de Madagascar C1897) Ce dessin du Petit Journal est destiné à servir La propagande coloniale en France. Il faut dire que La prise de possession de Madagascar a suscité des débats houleux à La chambre des députés et dans L'opinion publique. L'île, très vaste (elle est plus étendue que La France avec ses 587 000 km2), est placée sous protectorat en 1885 alors que la France subit de sérieux revers au Tonkin. Devant Les troubles incessants qui La secouent ensuite, L'armée française doit intervenir et se Livrer à une campagne difficile en 1895. En 1896, Madagascar est annexée (mais non vraiment pacifiée) et son gouverneur, Le général Galliéni, abolit La royauté sur L'île en février 1897. 143
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