Histoire Cycle 3 NumComplete

au-delà de ce qu'on lui demandait, risquant/ un grave incident diplomatique avec L'Angleterre. Mais Là intervient un deuxième paramètre p'cirdre plus généraL Dans Les marchandages de L'époque entre les grandes puissances~ Tahiti ne pèse pas bien Lourd. La France et'l'Angletèrre êtant sur les mêmes "proies'', en Nouvelle-Zélande et en Polynésie, le partage avait été décidé au plus haüt riiveau : La France Laissait Les Anglais s'installer en Nouvelle-Zélande· et l'Angleterre respectait une "neutralité vigilante" à L'égard des prétentfons françaises en Polynésie orientale. On comprend alors que toutes Les manœuvres de Pritchard aient été v,ouées à l'échec etcombien son voyage en Angleterre en 1842-1843 était inutile. •• La position de La France à Tahiti au milieu du XIXe siècle est d'une grande fragilité. Les rares chefs polynésiens qui lui sont favorables ne Le sont que par intérêt. Ce sont généralement Les ennemis des Pomare, comme Hitoti. Quant aux pasteurs protestants, ils Lui sont franchement hostiles et mènent une campagne anti-française active. Les maladresses de Dupetit-Thouars et La stupide décision de L'un des Lieutenants de Bruat, d'Aubigny, de faire arrêter Pritchard (doc. 2, p. 124) font Le reste: La guerre devient inévitable. IL n'est pas question ici de s'étendre sur Les phases du conflit. On en trouvera d'excellentes relations dans Les ouvrages cités en référence. Ce qu'il importe de retenir, c'est que, de 1844 à 1846, La quasi-totalité des îles du Vent se trouve en rébellion contre L'occupant français. La guerre se porte même un moment aux îles Sous-Le-Vent, à Huahine en particulier, où un accrochage fait 21 morts du côté français. D'autres accrochages, fort nombreux, ont Lieu sur Tahiti. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'avantage numérique des "insurgésl(* n'était pas si évident. En effet, Les troupes françaises, de 1 000 hommes en 1844, sont passées à 2 000 en 1846, en comptant l'appui des auxiliaires tahitiens fournis par Les chefs en "rébellion" contre Les Pomare. On n'oublie pas qu'à cette époque Tahiti compte moins de 10 000 habitants et que tes "jnsurgésll ne représentaient pas La totalité de La population. Ils n'ont ja111ais dû mobiliser plus de 3 000 hommes (ce qui paraît même énorme), mal armés et poür des laps de temps assez courts. En fait, ce qui Leur a permis de tenir aussi longtemps, c'êstla configuration du relief, favorable aux actions de gùérilla. La guerre prend fin en décembre 1846, après que Bruat ait opéré un blocus des "insurgés", enfermés dans Leur vallée et privés de communication avec L'extérieur (doc. 4, p. 124). La victoire symbolique de La Fautaua, où Les troupes françaises s'emparent, dans des conditions difficiles, d'un camp retranché polynésien, précipite La fin du conflit et La reddition des derniers insurgés. Le 7 janvier 1847, Bruat peut écrire au ministre de La marine que Tahiti et Moorea sont pacifiées. IL reste à rétablir Pomare Vahine IV sur son trône, ce qui est fait Le 7 février 184 7. Le protectorat peut enfin fonctionner. Par contre, L'Angleterre pousse La France à signer La convention de Jarnac par Laquelle Les deux pays déclarent renoncer à toute prétention sur Les îles Sous-Le-Vent. * Le mot "insurgé" est à L'évidence emprunté au vocabulaire de La colonisation ; dans une optique "indépendantiste", on dirait plutôt : Les "résistants". Un vocabulaire plus historique, plus neutre, donnerait L'expression : "partisans de La reine Pomare". Le mot "rébellion" est à utiliser avec Les mêmes précautions. 1 l II. LE FONCTIONNEMENT DU PROTECTORAT Durant toute La période du Protectorat, la France (qu'elle soit monarchique, républicaine ou impériale) n'aura de cesse de renforcer Les pouvoirs de ses représentants. En 1842, sa tutelle ne s'exerce que sur Les relations extérieures, sur Les résidents étrangers et sur Le port. En 1847, elle s'élargit au maintien de L'ordre public et au contrôle de L'élaboration des Lois, que son représentant co-signe avec La reine. En 1852, il est décidé que Les chefs doivent désormais être élus pour siéger dans les assemblées, ce qui Limite Leur prestige. En 1866, Le code Pomare est aboli et Les lois françaises s'appliquent peu à peu dans Le Protectorat. 165

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