Tahiti et La France au x1x• siècle Les contre-pouvoirs tahitiens sont Limités. Une Assemblée Législative est supposée contrôler L'exécutif, mais ses représentants sont pour La plupart nommés conjointement par Le représentant de l'État et La reine. L'Assemblée est composée de chefs (élus après 1852 par Les propriétaires fonciers, les hui raatira) choisis par La reine et Le Commissaire (du roi, de La République ou de l'Empire), de grands juges (les to'ohitu, élus eux aussi à partir de 1852 et choisis de La même manière) et de représentants élus. Les pouvoirs de cette assemblée sont très Limités, d'autant que Les Lois qu'elle vote sont soumises à l'approbation de La reine et du Commissaire, qui disposent donc d'un véritable droit de veto. L'Assemblée Législative n'est d'ailleurs plus réunie après 1866. Elle a cependant permis un toilettage de La Législation indigène et L'évolution vers La mise en place d'une Législation moderne. La mort de Pomare Vahine IV en 1877, sonne Le glas de ce qui restait d'autonomie au royaume des Pomare qui est annexé en 1880 (voir le chapitre suivant). Qui a donné les possessions des Pomare à la France '? Ce sont les Pomare eux-mêmes, Pomare V pour être précis. Pomare V (1839-1891) est L'un des fils de Pomare IV. En 1875, il épouse Marau Salmon. IL n'est pas prêt à régner lorsque meurt sa mère en 1877. En effet, il passe son temps en fêtes et en beuv.eries. IL perd aussi beaucoup d'argent au jeu et accumule Les dettes. Cette situation arrange les affaires de La France, engagée dans L'expansion coloniale à Laquelle se livrent alors Les grandes puissances européennes. À La suite de négociations avec Le gouverneur Chessé (voir le chapitre suivant), Pomare V accepte de céder son royaume à La France contre te maintien de son titre de roi, L'octroi d'une pension et. quelques avantages accordés à son peuple (comme bénéficier de La citoyenneté française par exemple). L'acte de cession a été contresigné par vingt chefs. Tous n'ont sans doute pas mesuré Les conséquences de Leur démarche. 1 III. LA VIE QUOTIDIENNE SOUS LE PROTECTORAT 1 L'étude de La vie quotidienne sous Le Protectorat ne peut faire L'économie d'une mise au point d'ordre démographique. Les premiers contacts entre Polynésiens et Européens ont provoqué une chute brutale de La population de La Polynésie orientale jusque vers 1840. Par La suite, si dans Les archipels éloignés L'effondrement se poursuit jusqu'au début du xxe siècle (1920 pour Les Marquises), La population des îles du Vent ne baisse plus (doc. 5, p. 125 et chapitre 6). Elle stagne entre 8 000 et 10 000 habitants. IL n'en demeure pas moins que Les survivants de ce cataclysme démographique en portent Les stigmates. La population est devenue résignée, fataliste, sans ressort. De nombreux voyageurs s' étonnent de La tristesse de ces Océaniens qui semblent attendre La mort. Le stress démographique est-il seul responsable ? Les défaites militaires successives et Le recul des chefs Locaux, obligés de se soumettre aux nouveaux venus, ne sont sans doute pas faits pour redonner Le moral aux Polynésiens dont s'effondrent toutes Les valeurs ancestrales, et désormais sans repères. Beaucoup se réfugient dans l'alcool ou La drogue, ce qui précipite La déchéance. Les réactions existent toutefois. Elles sont généralement orchestrées par Les Églises (catholique et évangélique surtout). Celles-ci continuent à prêcher pour l'abandon des mœurs païennes qu'elles dénoncent vigoureusement (sacrifices humains, polygamie, Licence sexuelle ...) et en cela contribuent à rendre Le fonctionnement social plus paisible. Elles vont plus Loin et créent des écoles (doc. 7, p. 125) ou des dispensaires. Elles encadrent également La vie sociale. Les nouvelles valeurs chrétiennes qu'elles diffusent, finissent par gagner Les populations et Leur donnent de nouvelles espérances. Cette population, somme toute clairsemée et de santé physique précaire, n'était pas à même d'assurer, à elle seule, Le développement économique du Protectorat. Aussi, en 1863, des décrets autorisent-ils L'immigration de travailleurs étrangers destinés aux plantations. Ces travailleurs sont surtout d'origine chinoise. Les premiers arrivent en 1865 et repartent généralement à La fin de Leur contrat. Ce n'est que plus tard que se multiplient Les installations définitives. 166
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