Le peuplement de l'espace polynésien jusqu'au x• siècle La colonisation de la Polynésie occidentale De la Mélanésie à la Polynésie occidentale (Tonga, Samoa) les distances s'allongent et les îles sont de plus en plus petites. La présence de la poterie lapita apporte la preuve à partir de 1300 avant J.-C. du peuplement des derniers archipels mélanésiens (Santa-Cruz, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie, Fidji) puis vers 1150 av. J .-C. des archipels de la Polynésie occidentale (Tonga, Samoa). Contrairement à ce que l'on a longtemps affirmé, les colonisations ne se sont pas faites au hasard de la découverte des îles. Les études de B. Finney, comme le voyage aller-retour d'Hokule'a en 1976 entre Hawaii et Tahiti, ont montré que les ancêtres des Polynésiens avaient de sérieuses connaissances tant en construction de pirogues qu'en techniques de navigation pour franchir des distances impressionnantes. D'autres études récentes, comme celles concernant le phénomène El Nino, ont montré l'utilisation par les navigateurs de courants marins inversés certaines années avec l'affaiblissement des vents d'est (Alizés) et l'apparition de vents plus favorables à une navigation d'ouest en est (vents d'ouest). Plutôt que des vagues de migrations successives, comme les imaginait Peter Buck dans Vikings of the sunrise, le peuplement s'est fait par élargissement progressif d'un réseau d'échanges comme entre "colonies mères et colonies filles" (É. Conte, Tereraa). Lors des premiers voyages de découverte, les hommes cherchaient surtout à pouvoir revenir, en cas d'échec, avec les vents dominants d'alizés. Quand l'île était bien repérée (étoiles, houles, vents ...), lors du voyage d'installation, on emportait tout ce qui était nécessaire à la colonisation de l'île nouvelle : _végétaux (taro, igname, bananier ...) et animaux (cochons, chiens, poulets ...). Le peuplement du Triangle polynésien Dans l'état actuel des recherches, il semble qu'une "pause" d'un millier d'années en Polynésie occidentale (Tonga, Samoa) ait précédé la poursuite du peuplement du Pacifique vers l'est et la colonisation du Triangle polynésien. Au cours de cette pause, la culture matérielle évolue. Les rapports avec la colonie d'origine se raréfient. Ainsi la poterie lapita est remplacée par une poterie non décorée vers 500 avant J .-C., puis disparaît dans de nombreuses îles, au début de notre ère. La langue et les comportements de la société évoluent également pour donner les éléments de base de la société polynésienne traditionnelle. Le mouvement de migrations reprend après cette pause. On peut évoquer diverses hypothèses explicatives : l'exil des vaincus après des guerres, la pression démographique et la recherche de nouvelles terres, les variations des conditions climatiques ou la combinaison de plusieurs de ces facteurs. P. Ottino dans un article récent en évoque d'autres : «...La volonté de c9nnaissance, le ptaisir des découvertes, La recherche de matières premières et d'alliances, L'appel du Large, L'aurait de La nouveauté, Le désir de réussite, Le besoin de différences, La rech.erche de ses Limites, La certitude que toujours plus loin existe une terre, que;tes frontières n'existent pas et que L'océan est un moyen de communication et de· découverte envers soi.-'même comme entre Les peuples.~'.». (Naissance d'u.ne cùlture 9céanienne :. Le henua enat.a ou Les îles Marquises, 8.S.E.0., n° 273~274, janv.:.juin 1997); •• Deux thèses sont actuellement en présence concernant les dates du peuplement le plus ancien du Triangle polynésien : 1. La première Les situe vers Le IIIe siècle de notre ère. R. Spriggs et A. Anderson (1993) à La suite d'une critique severe de toutes les datations faites en Polynésie orientale avancent L'hypothèse d'une colonisation des Marquises entre 300 et 600 aitrès J .-C. Ils retrouvent ainsi Les dates avancées par Les auteurs des anciens modèles de peuplement de La Polynésie orientale : modèle de Y. Sinoto (1968), modèle de J.D. Jennings (1979). Selon ces modèles, Les Marquises auraient été Le premier archipel peuplé de Polynésie Orientale. Elles auraient ensuite joué Le rôle de centre de dispersion vers Les autres archipels du Triangle polynésien. 70
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