Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

Par la suite, cette solidarité dépasse le seul cadre du clan. Elle s’étend relati- vement à toute personne membre de l’association. Les liens intimes et les rapprochements sont favorisés par la structure associative, où peuvent se développer des relations de confiance. Ces dernières peuvent être de type familial 97 . Elles font alors de l’Association Philanthropique Chinoise une famille 98 symbolique, avec ses problèmes et ses inconvénients. D’après Emmanuelle : « On se sent plus qu’une association, on se sent comme une famille. » Cette comparaison témoigne de la formation de relations intimes entre les membres de cette association, et du fait qu’ils se considèrent et se pensent en fonction d’une collectivité familiale. 2) Un mode de gestion ethnique L’analogie qui est faite entre l’association et la famille se retrouve également dans le mode de gestion de l’Association Philanthropique Chinoise. Ce dernier pourrait se rapprocher de celui d’une entreprise familiale chinoise. Ainsi, il comporte des systèmes de relations et de fonctionnement qui lui sont propres, et s’adapte plus ou moins au milieu associatif. Ce qui contribue à faire de cette association : une « association ethnique ». Par ailleurs, d’un point de vue économiste : “L’association est considérée comme une entreprise productive dont la fonction économique est de produire des services principalement non marchands 99 . Les entreprises associatives trouvent leur place dans une division sociale du travail. Quelle que soit l’autonomie des associations par rapport au marché ou aux collectivités publiques, la place qu’elles parviennent à se procurer reste incluse dans un système de transactions économiques qui les contraint à s’adapter aux normes et routines de l’allocation rationnelle des ressources.” (Prouteau 2003 : 49) 99 97 Car comme le souligne Claude Levi-Strauss : « Sans doute, la famille biologique est présente et se prolonge dans la société humaine. Mais ce qui confère à la parenté son caractère de fait social n’est pas ce qu’elle doit conserver de la nature : c’est la démarche essentielle par laquelle elle s’en sépare. Un système de parenté ne consiste pas dans des liens objectifs de filiation ou de consanguinité donnés entre les individus ; il n’existe que dans la conscience des hommes, il est un système arbitraire de représentations, non le développement spon- tané d’une situation de fait. Cela ne signifie certes pas que cette situation de fait soit automatiquement contre- dite, ou même ignorée. » (Lévi-Strauss 1958 : 67-68) 98 La définition du terme « famille » est prise dans un sens large, aussi bien concernant les individus possédant des liens de parenté que des personnes ayant des caractères communs. 99 Dans le cadre de l’Association Philanthropique Chinoise, cela concerne des activités culturelles, d’éducation et de loisirs.

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