Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

La rationalisation des ressources est ainsi prise en compte. Elle dépend de l’expérience entrepreneuriale de chacun et d’un savoir commun issu d’une culture associative : “L’acteur associatif est un agent complexe : à la fois homo oeconomicus , citoyen et homo donator .” (Prouteau 2003) La logique économique tend à être soutenue. Elle prend le dessus dans la mesure où « l’argent est le nerf de la guerre », c’est-à-dire que pour faire et développer des actions associatives : « il faut des financements ». On peut alors ici risquer un concept issu de notre observation, celui d’entreprise associative ethnique 100 . Cette dernière combine les traits d’une entreprise ethnique et d’une association ethnique. Les ressources économiques de cette association sont issues de deux types de ressources, celles issues généralement du milieu à caractère marchand et celles issues classiquement du milieu associatif. Dans le cadre de l’Association Philanthropique Chinoise, la première catégorie concerne les recettes des cours de langue et du parking souterrain. La seconde catégorie comprend les recettes du bal de l’association, des tombolas, les dons, les adhé- sions, et certaines activités culturelles comme la célébration du Jour de l’An 101 . Pour certains membres de l’association, les pratiques mercantiles sont mal perçues. Elles ne sont pas en adéquation avec les objectifs associatifs et culturels. Ainsi, pour eux, le Jour de l’An chinois n’est pas une « Journée culturelle 102 » mais une simple « foire ». Durant laquelle, on vend et on montre une certaine image de la communauté chinoise de Polynésie française et de la Chine. C’est l’occasion d’exprimer avec enthousiasme et grandeur sa sinité, son identité culturelle. Pourtant, on peut noter que cette année, les vêtements asiatiques étaient davantage portés par des « Tahitiens » ou par des « Français ». Si le Jour de l’An chinois est rentré dans les mœurs et la mentalité polynésienne, il semble que les Chinois de la société tahitienne l’aient banalisé. Ces individus montrent ainsi qu’ils sont moins « chinois » que ce que l’on pourrait penser. 100 100 À partir de la définition du terme d’« entreprise associative » en y ajoutant le mot « ethnique » pour désigner les caractères ethniques que l’entreprise associative peut recouvrir, et notamment dans le cadre de l’Association Phi- lanthropique Chinoise. « L’entreprise associative est, par définition, une organisation composite dont le fonc- tionnement cristallise une contradiction majeure. Elle conjugue le don (par le bénévolat) et le contrat (par le salariat) et combine les attributs de l’entreprise (recrutement de personnel et gestion de prestations écono- miques) avec ceux de l’association (élection de représentants légitimes du groupement et fonctionnement démocratique). » (Prouteau 2003 : 43). 101 Vente de calligraphies, livres, thé lors de cette manifestation au temple chinois de Mamao, 20 février 2005 (Jour de l’An chinois : 9 février 2005). 102 Nomination donnée à cette journée consistant à fêter le Jour de l’An chinois (entre janvier et février selon le calendrier lunaire) et à faire découvrir la culture chinoise à l’ensemble de la société polynésienne. Cette mani- festation est l’initiative de l’Association Wen Fa qui créa cette journée en 1977.

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