Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

Il semble que la fonction de Président d’association représente la figure, voire le symbole, de l’entreprise associative ethnique. Il est au cœur d’un système caractérisé par de constantes négociations entre lui et les membres de l’Association Philanthropique Chinoise. Le Président est le garant du bon fonctionnement et de l’image de l’association. Il est à la tête de cette organisation et s’apparente à l’entrepreneur ethnique (Waldinger, Aldrich, Ward : 1990). Les qualités nécessaires à cette fonction sont similaires à celles d’un entrepreneur, c’est-à-dire diligence, intelligence, honnêteté, intégrité, frugalité et travail (Oxfeld 1993 : 100-101). Ainsi, pour Jade, l’Association Philanthropique Chinoise est gérée comme une entreprise familiale chinoise. Elle parle également de l’importance centrale du Président. Par conséquent, ce dernier est respecté. Il fait preuve des qualités évoquées précédemment, notamment en appliquant une politique de transparence et en soulignant la vocation culturelle de l’association. Selon ses propres termes, la culture est la « profession de foi » de l’Association Philan- thropique Chinoise. Il donne ainsi la ligne de conduite de cette association. De ce fait, il y existe un certain respect de la hiérarchie, que l’on retrouve d’ailleurs dans la société chinoise. Jade explique : « Le Président dirige l’association, il faut suivre le Président… Mais d’un autre côté, c’est très beau, ça crée une ligne de conduite, on suit une personne. Et ça, je trouve bien dans cette association. Même si on s’éparpille, il y a quelqu’un qu’on va suivre. » En conséquence, l’exercice de la démocratie dans cette association prend une allure approximative, dans la mesure où les votes à main levée ne sont pas pris au sérieux, quand ils ne sont pas tout simplement inexistants. Les phases de concertation et de négociation sont laborieuses, car les choix et les décisions peuvent être induits par la prééminence du Président. Ce qui n’empêche pas que chacun peut donner son avis et poser ses questions. Des sourires parcourent rapidement les visages. Les discussions ont cours, et il est souvent difficile d’avoir l’attention de tous. Mais malgré le chaos apparent, la désinvolture affichée et l’ambiance conviviale des réunions de l’association, des objectifs sont dessinés et des décisions sont prises. Le Président a notamment la possibilité d’imposer ses idées entraînant ainsi une dynamique associative. Il mène le bureau et le conseil d’administration et permet l’émergence de consensus. D’après Jade : « Et comme il est un bon médiateur, il arrive à bien gérer les groupes, donc, il n’y a pas de problème… ça c’est intéressant par rapport à d’autres associations où les conflits sont plus durs, forcément où il y a pas de conflit, et où il y a un 101