Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

consensus très mou. À la limite, on n’est pas d’accord et on le dit pas. On est d’accord… C’est vraiment un autre mode de fonctionnement, les décisions sont toujours repoussées à plus tard, à plus tard (le temps de trouver un consensus)… alors que quelquefois on peut prendre des décisions rapides. La rapidité, c’est certainement ce qui me frappe dans cette association. » Ainsi, l’Association Philanthropique Chinoise se caractériserait par « une rapidité de négociation ». D’après certains informateurs, cette rapidité serait inhérente au fait que la plupart des membres du bureau et du conseil d’adminis- tration sont des commerçants. Cette rapidité et cette adaptabilité s’inscrivent dans leur logique de fonctionnement. Elles se retrouvent également dans l’ensemble de la Diaspora chinoise. Par ailleurs, ce mode de fonctionnement n’implique pas que le système soit autoritaire. En effet, le Président ne conserve son pouvoir et son autorité que s’il fait preuve des qualités et des compétences citées 103 . Cela passe notamment par la confiance des membres de l’association à son Président et la réputation de ce dernier. La confiance lui est naturellement acquise au moment de son élection car : “On fait plus confiance à un membre du même groupe non parce qu’on sup- pose que le seul fait de son appartenance au groupe entraîne automatiquement de la loyauté, de la confiance… mais parce que l’on sait confusément que l’ac- cord sera respecté.” (Ma Mung 2000 : 137) Dans le cas de l’Association Philanthropique Chinoise, l’accord concerne son bon fonctionnement. Mais la confiance se fonde également sur la réputation du candidat à la présidence 104 . Ainsi, la réputation, autant que la confiance, sont également déterminantes dans le choix du Président. Elles lui permettent d’obtenir et de conserver la fonction présidentielle, tandis qu’une mauvaise réputation y mettrait fin. Le système de confiance et de réputation se retrouve dans l’ensemble de la société chinoise (Zheng : 1995). Comme on peut le constater, les membres de l’Association Philan- thropique Chinoise doivent composer avec deux systèmes de fonctionnement. L’un est issu des structures associatives françaises, voire occidentales, et l’autre est issu des relations chinoises et de l’entreprise ethnique. L’opposition de ces 102 103 Il a été reproché à un ancien Président d’avoir abusé de son autorité et de son pouvoir. : « Nous commençons par le quitus moral. I.C le mérite-t-il ? Un point ressort clairement de l’histoire passée, c’est sa propension à surestimer ses propres capacités à résoudre tout seul les nombreux problèmes qui se sont posés. Vouloir prendre toutes les décisions tout seul en ayant raison contre les avis n’a pu qu’éloigner les bonnes volontés. » Source : P.V, Problème du quitus de I.C : projet de résolution. (les initiales ont été modifiées.) 104 « La réputation est la solution à la question de la confiance dans une société désacralisée où la puissance du serment n’est plus reconnue. » (Ma Mung 2000 : 138). Une mauvaise réputation entraîne la fin de l’interaction.

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