Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
existe des manières chinoises de le faire. John l’a notamment expliqué au sujet des sponsorings : « L’Européen te dit oui ou non, pour lui, le temps compte. Chez les Chinois, il faut revenir deux fois, trois fois, la première fois, il va te dire non par principe, sinon c’est trop facile. Où est-ce qu’on va ? Tu lui expliques une fois, tu lui réexpliques, puis finalement, il va te dire que c’est utile. » L’explication donnée est que le Chinois prend le temps de réfléchir et de choisir. Les tombolas sont également l’occasion de faire fonctionner les réseaux. En effet, des carnets sont distribués et vendus aux différentes associations chinoises. Après, les familles chinoises prennent le relais en vendant de proche en proche. Les achats d’équipement et les prestations de services font également appel aux réseaux, dans la mesure où l’on privilégie les membres de l’association et de la communauté chinoise. Par la suite, ces derniers peuvent offrir des tarifs préférentiels ou des facilités de paiement. Ainsi, une forme de hiérarchisation, dans l’appartenance à un groupe, s’élabore dans le choix des partenaires économiques. Ce mode de fonctionnement s’explique par la confiance attribuée aux membres du groupe auquel on appartient. Ce qui d’une certaine manière garantit l’efficacité du travail à accomplir. De plus, ces pratiques font également référence à la solidarité ethnique où les individus d’un groupe identique s’entraident et coopèrent entre eux. Cette solidarité ethnique renvoie à celle qui caractérisait les associations chinoises communautaires d’antan. Cela se traduit par le sentiment d’œuvrer pour le bien de la communauté chinoise de Polynésie française, et que par ce système, on fait ainsi « travailler » les membres de son groupe ethnique. Cette solidarité ethnique permet également à l’Association Philanthropique Chinoise d’avoir une relative autonomie et une plus grande souplesse de fonctionnement. En effet, les négociations sont relativement plus aisées avec d’autres membres de son groupe. Certains adhérents de l’association peuvent également fournir des services ou/et des produits ne nécessitant pas l’intervention d’individus ou de groupes extérieurs à l’Association Philanthro- pique Chinoise. Cette démarche rentre dans le cadre du fonctionnement bénévole de cette structure associative. En conséquence, cette dernière rassemble en elle- même un ensemble de réseaux constitué par ses différents membres. Par la suite, la solidarité ethnique peut étendre ces réseaux à l’ensemble du groupe ethnique chinois et hakka de Tahiti. Ainsi, l’Association Philanthropique Chinoise est encore fortement sinisée et ce lieu appartient à ceux qui l’occupent. Les valeurs et les références 104
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