Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
développe avant tout des liens culturels avec la Chine. Ils revendiquent également leur sinité mais sans pour autant renier leur nationalité française. Ce qui peut constituer un paradoxe pour certains, au vu des relations qu’entretient cette association avec la Chine. Dans cette structure associative, l’identité culturelle se confond avec l’identité nationale. Le développement des liens culturels rencontre alors une thèse de développement national, sino-chinois. Ainsi, l’identité reste une notion complexe, dynamique et évolutive, où ses dimensions collectives et individuelles doivent être prises en compte. Dans les propos qui seront développés dans la prochaine partie, les articulations entre l’Association Philanthropique Chinoise et la construction d’une identité chinoise collective seront plus particulièrement approfondies. Les questions de l’identité interne et individuelle seront approfondies dans une partie ultérieure. À la fin des années 1970, la politique d’ouverture 112 , instituée par Deng Xiaoping, resserre les relations entre la République Populaire de Chine et les communautés chinoises d’outre-mer. Les associations de ces Chinois expatriés participent directement ou indirectement à cette politique. Pour le gouvernement chinois, parmi les nombreuses associations chinoises de Tahiti, c’est l’Association Philanthropique Chinoise qui représente la communauté chinoise de Polynésie française. Cette association tient également ce rôle de représentante de la com- munauté chinoise. Ainsi, elle « assure le soutien et le rattachement de la com- munauté chinoise de Tahiti à la Chine 113 ». Cela s’explique par le fait que cette association a toujours revendiqué son attachement à la Chine, à cette « Chine éternelle » quelle que soit l’idéologie de son gouvernement. Par exemple, depuis 1949 et malgré le régime maoïste, l’Association Philanthropique Chinoise a continué d’entretenir des liens avec le gouvernement chinois. Par conséquent, c’est autour d’elle que la Chine instaure et construit sa politique de relations avec les Chinois d’outre-mer, et comme le souligne Carine Guerassimoff : “Les dirigeants chinois privilégient l’établissement de liens avec les Chinois d’outre-mer dans deux domaines essentiels : économiques et culturels. Dans le premier, c’est par l’intermédiaire des contacts bilatéraux avec les États d’accueil que la République populaire de Chine a pu finalement créer des relations avec les Chinois d’outre-mer. Dans le second, son action consiste essentiellement à adapter son offre aux besoins des Chinois d’outre-mer, mais surtout à être à leur écoute.” (Guerassimoff 1997 : 243) 107 112 Cette politique consiste à faire appel aux capitaux et aux technologies étrangères. Les Chinois d’outre-mer sont sollicités pour y participer. 113 Source : P.V. de l’Association Philanthropique Chinoise, Papeete, 12 février 2004.
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