Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
Ce sentiment d’appartenance peut également être noté au niveau du groupe ethnique 117 . C’est ainsi que la plupart des membres de l’Association Philanthropique Chinoise affirment leur « hakkaité 118 » en rencontrant d’autres Hakkas. C’est notamment le cas lors d’une visite, entamée le 9 décembre 2004, d’une délégation chinoise de la ville de Shenzen 119 . Le soir de son arrivée, cette délégation est invitée à un dîner par l’A.P.C. Cela se passe dans ses locaux. On peut constater l’importance de ce dîner par la présence de certaines personna- lités économiques ou politiques de Polynésie française. Les convives sont en majorité des Hakkas. Il en est de même pour les invités constituant la déléga- tion. Plusieurs tables sont dressées, et l’ambiance est conviviale. Au moment de l’allocution du Président de l’association, ce dernier souligne son émotion suscitée par ces invités particuliers. Il s’exprime en hakka et rappelle les liens qui unissent cette délégation de Shenzen et les Chinois de Polynésie française, cette « hakkaité ». L’ethnicité est alors valorisée et favorisée. Elle dépasse le cadre des nationalités, notamment en citant des points communs : l’origine géographique et dialectale, les plats culinaires comme le poulet blanc, en somme, l’affirmation d’appartenir au même groupe ethnique. Ces interactions renforcent les références identitaires et l’ethnicité. Elles forgent ainsi les représentations collectives et individuelles des intéressés. C’est ainsi que les membres de la délégation et les autres convives hakkas acquiescent. Un des membres de cette délégation, écoutant avec attention, hoche la tête. Il montre ainsi qu’il est d’accord avec le propos du Président de l’Association Philanthropique Chinoise. Ainsi, cette rencontre et les interactions qui en découlent participent à la construction de références identitaires. Elles permettent l’élaboration de l’ethnicité hakka et/ou de la sinité pour les Chinois de Polynésie française. De plus, ces visites officielles chinoises sont une source de fierté et de prestige pour les membres de l’Association Philanthropique Chinoise. Ces évé- nements leur permettent de rencontrer des personnalités chinoises importantes 109 117 Il est nécessaire d’envisager l’identité comme multiple, comme si les identités étaient emboîtées et imbriquées les unes dans les autres. Ainsi, l’identité chinoise comporte également l’identité hakka. Il en est de même pour l’identité française qui englobe l’identité basque, corse ou autre, selon les groupes et les individus. Mais il reste à déterminer les éléments de ces différentes identités et comment l’individu et le groupe les intègrent pour former une identité individuelle et/ou collective. 118 En référence à l’ethnicité, « hakkaité » : sentiment d’appartenance à l’ethnie hakka. 119 Cette délégation avait pour but de mesurer les possibilités de jumelage avec la ville de Papeete. Par ailleurs, il est nécessaire de rappeler que la majorité des Chinois de Polynésie française est issue de la région de Shenzen. Cette dernière a été le point de départ de nombreux migrants chinois, dont Hakkas. De nos jours, il s’agit d’une mé- tropole d’environ dix millions d’habitants possédant une industrie dynamique en matière de nouvelles technologies. Elle a bénéficié de la politique d’ouverture économique de la Chine et des capitaux des Chinois d’outre-mer.
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