Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

comme de hauts dignitaires du gouvernement chinois. Emmanuelle en donne un témoignage : « …lorsque des délégations de Chine arrivent, je suis toujours la première à demander à les accueillir. C’est quand même important et je suis très fière [rire] et ça me permet de rencontrer des personnes importantes. » Cependant, c’est également pour elle un moyen pour reconstruire des liens avec la Chine. Née dans ce pays, Emmanuelle l’a quitté avec ses parents. En effet, ils ont souffert de la Révolution culturelle. Fortement marquée par cet événement, elle ne voulait plus entendre parler de communisme, jusqu’à son adhésion à l’Association Philanthropique Chinoise. Mais grâce à cette dernière, Emmanuelle est ainsi retournée en Chine : « …pendant 40 ans, je n’ai jamais voulu retourner en Chine. C’est pour ça que je suis très contente d’être rentrée à Philanthropique parce que je ne vou- lais plus entendre parler du communisme. Et c’est clair qu’en rentrant dans l’association Philanthropique, j’ai rencontré tous ces gens qui viennent de Chine, les bateaux scientifiques, l’ambassade de Chine à Paris… tous ces gens quand même importants, et c’est là que je me suis aperçue que la Chine a changé. Ils ont plus la même mentalité que les communistes que j’ai connus. C’est vraiment une bonne chose que je sois rentrée dans Philanthropique, ça m’a permis de voir ces gens-là et ça m’a changé ma mentalité. » On le voit, ces rencontres, et les échanges qui les accompagnent, favorisent les contacts entre Chinois de Polynésie française et de Chine. De plus, les uns et les autres représentent et véhiculent les images et les repré- sentations de leurs pays respectifs. Par exemple, l’Association Philanthropique Chinoise organise des visites pour les représentants chinois telles que le tour de l’île de Tahiti. Ces rencontres aboutissent ainsi à la construction de repré- sentations mutuelles, tel que le témoignage précédent le suggère. Par exemple, en signe de bienvenue, les membres de l’Association Philanthropique Chinoise montrent l’accueil polynésien. À cet effet, ils offrent des colliers de fleurs aux officiers chinois. Ils donnent ainsi une image de la Polynésie française, celle d’un pays chaleureux, accueillant et ouvert. Ainsi, l’A.P.C. est un lien privilégié entre la Chine et la Polynésie fran- çaise. Par ailleurs, le fait que les Chinois de Chine continentale rencontrent les Chinois de Polynésie française fournit une occasion de percevoir les similarités entre ces deux groupes. Par conséquent, ils contribuent à la formation d’une identité chinoise relativement similaire. 110