Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
fois même elles constituent la principale identité du groupe. Une langue n’est souvent pas seule à communiquer l’expérience : gestes, objets ésotériques, ri- tuels, forment des systèmes qui lui sont connexes. Une partie du sens découle de sa force d’action, « quand dire, c’est faire », et la fait relever de la prag- matique.” (Bonte-Izard 1991 : 410) La création de liens linguistiques appuie l’idée d’une appartenance commune. Elle développe les possibles communications entre Chinois d’outre- mer et Chinois de Chine. La langue est alors une référence identitaire essen- tielle et un référent identitaire important. Nombreux sont les membres de l’Association Philanthropique Chinoise qui pratiquent ou apprennent le man- darin. Ils ont plaisir à le parler entre eux ou avec les interlocuteurs continentaux. Mais c’est également, et dans le même temps, une frontière entre Chinois d’outre-mer et de Chine qui tend à fonder une différenciation entre ces deux groupes. En effet, lors d’un cocktail en l’honneur du Yuan Wang 2, le 28 octobre 2004, la grande salle de réception de l’Association Philanthropique Chinoise est séparée en deux. On distingue alors d’un côté les marins chinois et de l’autre les Chinois de Polynésie française. Certains discutent tout de même par delà les deux groupes. Mais il s’agit de personnes qui maîtrisent le mandarin, notamment des membres de l’association. Cette langue devient alors un support de communication important. Néanmoins, c’est oublier qu’elle n’est pas la seule à pouvoir être employée. Ainsi, un informateur précise que : « S’il y a une critique à faire, Y. ne met pas assez en relation ses membres et les gens qui arrivent. Il met en relation ceux qui savent parler le mandarin, avec les Chinois qui viennent de Chine, alors qu’il y a des Chinois qui parlent très bien l’anglais. Il n’introduit pas, il ne met pas en relation. » Il est possible d’expliquer cela par la faible durée des séjours et par le fait que le mandarin symbolise aux yeux des Chinois de Polynésie française la culture chinoise, que cette langue est un élément important de leur identité chi- noise. Un phénomène que l’on retrouve ailleurs dans la diaspora chinoise. En conséquence, la Chine fait la promotion du mandarin. Par l’intermédiaire du Overseas Chinese Office of the State Council of the People’s Republic of China 122 , elle invite de jeunes Chinois d’outre-mer à apprendre le mandarin et à décou- vrir par eux-mêmes la culture chinoise. À cet effet, un programme spécifique leur est accordé, constitué de cours de langue et de visites touristiques (temples, villes, musées…). Cette année, la région de Guangxi-Zhuang est l’objet de ce 113 122 Le Service chinois s’occupant des relations avec les Chinois d’outre-mer. JH, Dimanche 13 février 2005, « Le fabuleux voyage en Chine de six jeunes Polynésiens », La Dépêche de Tahiti, Papeete, p.21.
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