Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

III. UN LIEU AUX REPRÉSENTATIONS ET AUX APPARTENANCES CONTRASTÉES : ENTRE DÉLAISSEMENT ET REVENDICATION De l’extérieur, l’Association Philanthropique Chinoise ressemble à une enclave chinoise. Si pendant longtemps, elle fut réservée aux individus issus du groupe chinois, ce n’est désormais plus le cas. Mais cette association a du mal à se défaire de cette image, ainsi que d’autres représentations véhiculées par le reste de la communauté chinoise. Pourtant le contexte a évolué en Polynésie française, et l’identité de cette association et de ses membres également. Ainsi, le communautarisme d’antan qui la caractérisait a progressivement été remplacé par l’individualisme. A) L’A SSOCIATION P HILANTHROPIQUE C HINOISE : UN REFLET DE LA « COMMUNAUTÉ » CHINOISE On constate que des pratiques sociales ethniques ont cours au sein de cette structure associative chinoise. Cette association est, pour ainsi dire, un modèle des relations sociales des Chinois de Polynésie française. Elle permet de mesurer l’évolution et l’état actuel de la communauté chinoise de Tahiti. 1) Le passage d’une culture collective à une culture individuelle Comme il a été plusieurs fois répété, les Chinois de Polynésie française ne fréquentent presque plus les associations chinoises. Cela se ressent également à l’Association Philanthropique Chinoise. Cette dernière a perdu de son « aura » d’antan, ainsi que John l’expose : « …j’avais entendu parler mais ça ne me disait rien, dans le sens où je ne fixais pas. Je n’arrivais pas à mettre d’image. Il faut bien comprendre que l’asso- ciation philanthropique n’est plus ce qu’elle était. Avant, c’était, on va dire au cœur de la communauté chinoise. Toutes les fêtes s’y produisaient. Tous les grands événements s’y produisaient, tous les membres participaient. » Ce déclin de la vie associative chinoise n’est pas un hasard. Les asso- ciations perdent peu à peu de leur caractère communautaire car elles sont des structures héritées du passé, comme le note Edith Wong-Hee-Kam à propos de la Réunion (Wong-Hee-Kam 1996 : 338). Dans cette perspective, il semble préférable ici de parler « d’affaiblissement » numérique des associations chinoises, 117

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