Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
B) L ES REPRÉSENTATIONS INTERNES ET EXTERNES CONCERNANT L ’A SSOCIATION P HILANTHROPIQUE C HINOISE Comme il a déjà été énoncé, l’Association Philanthropique Chinoise fait figure de porte-drapeau des Chinois de Polynésie française, pour la Chine et aux yeux de l’ensemble de la société polynésienne. Les enjeux identitaires sont ainsi importants au niveau de la représentation publique de cette association. Mais ce statut contraste avec celui du milieu associatif chinois et les représen- tations que peuvent se faire les Chinois de Tahiti sur cette association. 1) Un milieu associatif chinois divisé Malgré le discours unificateur développé au sein de l’Association Phi- lanthropique Chinoise, cette dernière ne fait pas l’unanimité dans l’ensemble de la population chinoise de Polynésie française. Comme nous avons pu le constater, les associations chinoises connaissent des divisions anciennes qui ont tendance à morceler la communauté. Dans ce cadre, l’Association Philan- thropique Chinoise n’est pas représentative d’une conscience de groupe dé- passant le cadre de ses membres. Mais par ses actions et ses objectifs, elle entretient ainsi une image communautaire des Chinois de Polynésie française. Il en est de même pour les autres associations chinoises de Polynésie française. Par ailleurs, pour l’œil averti, l’aspect communautaire est occulté, vu la multi- plicité des associations chinoises représentées sur le territoire. En effet, Jade l’exprime de la manière suivante : « C’est bizarre qu’il n’y ait pas beaucoup de Chinois dans les associations, pourtant il y a treize associations. Ça fait beaucoup. Dans les autres commu- nautés chinoises d’outre-mer, il n’y a pas autant d’associations, et elles sont plutôt unies. Il y a moins d’associations et plus de cohérence. Ici, on ramène beau- coup la couverture à soi. Le fait qu’il y ait treize associations, c’est complète- ment hallucinant ! Dans chaque scission, ils se perdent alors qu’en unissant leurs forces, ils peuvent mieux faire. » En effet, chaque association œuvre à sa manière au bien de la commu- nauté chinoise, et chacune prétend qu’elle la représente. La plupart revendique la promotion de la culture chinoise et le désir de préserver les valeurs tradition- nelles 133 . Néanmoins, si le manque de solidarité et la mentalité qui l’anime sont regrettés par certains, cette perte a été en quelque sorte nécessaire pour permettre l’intégration sociale et culturelle des Chinois de Polynésie française à la société 126
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