Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

polynésienne. Ces propos peuvent apparaître paradoxaux par rapport à la trans- formation officielle de la Société Civile Immobilière Si Ni Tong en une asso- ciation régie par la loi de 1901 134 , le 7 mars 1995. Cette réforme statutaire a vu la formation d’une « fédération » des associations chinoises sous l’égide de l’Association Si Ni Tong. De nos jours, onze associations chinoises y sont regroupées : Chee Kong Tong, le Groupe des Sept Villages, Koo Men Tong (KMT 1), Kuo Min Tang (KMT 2), Kuo Min Tang (KMT 3), l’Association Philanthropique Chinoise, Phisigma, Si Yuan Hui, Te Vahine Piri-Rava, Te Vahine Polynesia et Wen Fa. Les associations Chee Kong Tong, Association Philanthropique Chinoise, Groupe des Sept villages, Koo Men Tong, Kuo Min Tang 2 et Kuo Min Tang 3 ont principalement comme objectif la préservation, la promotion et le développement de la culture chinoise. Les autres associations chinoises regroupent des intérêts identiques cependant elles sont marquées par quelques spécificités. Ainsi, l’Association Phisigma organise des activités sportives et de loisirs ainsi que des actions sociales. L’association Si Yuan Hui rassemble les anciens administrateurs de l’ancienne SCI Si Ni Tong et les membres descendants des sept premiers administrateurs. Elle travaille en commun avec l’Association Si Ni Tong, et il semble qu’elle veille à son bon fonctionnement. Quant aux associations Te Vahine Piri-Rava et Te Vahine Polynesia, elles regroupent des femmes chinoises, ainsi que polynésiennes, et participent à diverses manifestations sociales et culturelles. Enfin, l’association Wen Fa a pour objectif « la redécouverte d’une identité chinoise, tout en participant par son apport, à la construction de la nouvelle société polynésienne. » (Association Si ni Tong : 2005). L’Association Si Ni Tong a pour mission de gérer le patrimoine collectif, indivisible et inaliénable de la communauté chinoise de Tahiti. Par ailleurs, les membres de son conseil d’administration sont recrutés parmi les 127 133 Association Si Ni Tong, 9.02.2005-28.01.2006, Année du Coq, Tahiti, Tahiti Graphics, 24p. Mais de quelle cul- ture chinoise parle-t-on ? De quelles valeurs traditionnelles ? Au niveau du langage des associations chinoises, il semble que l’on ne fasse aucune distinction entre culture chinoise, punti ou hakka. Il en est de même pour les va- leurs traditionnelles. Les distinctions et les différences sont de l’ordre de l’intime et du privé, propres à l’endogroupe. Elles ne s’affichent pas pour un public néophyte. Par ailleurs, les Chinois de Polynésie française sont-ils capables de pouvoir établir la différence entre ce qui est classiquement chinois et hakka ? Possèdent-ils les caractéristiques culturelles de leurs appartenances ethniques respectives et en ont-ils donc conscience, mise à part la langue ? 134 La SCI Si Ni Tong est créée en 1911. En 1950, sous l’impulsion du Consul de Chine, Yao Tin Tching, Si Ni Tong réforme ses statuts. Le nouveau texte stipule que « tous les ressortissants de la communauté chinoise de Polyné- sie française sont membres de Si Ni Tong », et, à ce titre, propriétaires collectivement d’un patrimoine. Il s’agit no- tamment du cimetière chinois de Arue et du temple chinois de Mamao. Les administrateurs de Si Ni Tong ne gèrent ce patrimoine qu’à titre de mandataires et ils sont issus à part égale du KMT 1, du KMT 2, de l’Association Philan- thropique Chinoise, de Chee Kong Tong et de l’association des Sept Villages (cette association réunit les immigrés chinois et leurs descendants issus de ces villages puntis).

RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw