Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
associations qui la composent. L’Association Philanthropique Chinoise participe donc, au même titre que d’autres associations chinoises du Territoire, au bon fonctionnement de Si Ni Tong. Sept membres issus de chaque association sont désignés pour faire parti du conseil d’administration de Si Ni Tong, et ils sont en poste pendant trois ans. Par la suite, sept personnes sont nommées parmi elles pour former le bureau. Adeline explique que : « Toutes les associations chinoises sont membres du Si Ni Tong. Finalement, il y a pas un président qui régit tout le monde et qui reste à vie président. L’association Si Ni Tong est présidée chaque année par un membre de chaque association. On tourne… En fin de compte Si Ni Tong est gérée et administrée par les associations qui se regroupent en bureau. Et il y a les fondateurs, ce sont le Conseil des Sages et les administrateurs. Ce sont des gens qui ont été mandatés en partie. » Ainsi, un paradoxe oppose les fonctions, ainsi que le fonctionnement, de cette association et la réalité sociale qui a été décrite. Les associations chinoises sont capables de se concerter et de travailler ensemble, mais ce n’est pas pour autant qu’une communauté existe. Il s’agirait plus d’une fédération où les divisions persistent. Ces dernières sont réelles et significatives, surtout entre le Kuo Min Tang et l’Association Philanthropique Chinoise. La « rivalité » qui les concerne est ancienne et représentative des scissions qui règnent au sein du milieu associatif chinois. Elle se fonde sur les opinions politiques prises par ces associations à une certaine époque. Le Kuo Min Tang 135 est connu pour être pro-Taiwan, et l’Association Philanthropique Chinoise est considérée comme la partisane des idées de la Chine continentale, c’est-à-dire de la Chine communiste. Cette dichotomie, teintée d’une pensée manichéenne, pèse encore lourde- ment sur l’image de l’Association Philanthropique Chinoise. De plus, d’autres représentations négatives sont également véhiculées sur cette association. 2) Des représentations négatives et des appartenances fortes Ainsi, avant l’avènement du communisme en Chine, les membres de l’Association Philanthropique Chinoise étaient qualifiés de « conservateurs » ou de « royalistes ». Désormais, la seule qualification de « communistes » leur est donnée. Il vous suffit généralement de croiser un Chinois dans la rue, et de 128 135 Son appellation sociopolitique du parti, dirigé par Tchang Kai-Chek, ne produit aucun doute sur ses opinions po- litiques. Ce qui est gênant pour certains Chinois de Polynésie française, car l’assimilation politique de cette asso- ciation a tendance à se faire « naturellement ».
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