Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

ment d’un sentiment d’appartenance et d’une identité associative différenciée. Les représentations spatiales, comme les bâtiments de ces associations, font même partie des bases sur lesquelles se construisent leurs identités particulières. Ainsi, ces identités locales et multiples, organisées autour des associations chinoises, contribuent à la fragmentation de la population chinoise de Polynésie française. Certains pensent notamment que les divisions générées par les associations chinoises sont immuables. « C’est la tour de Babel ! » comme on a pu l’entendre sur le ton de la plaisanterie, au cours d’une réunion de l’Association Philan- thropique Chinoise. Par conséquent, les identités associatives sont également fortes, et selon Martin : « On appartient à une association, point à la ligne. On a une étiquette ou un badge : Nous, nous sommes Fuikong ! Vous, vous êtes Kuo Min Tang ! » Ainsi, ces appartenances sont vivaces et héritées d’un passé récent. Par ailleurs, les divisions tendent à persister de nos jours, fondant des identi- tés locales fortes. À la question : « Est-ce que l’Association Philanthropique Chinoise peut représenter la communauté ? », Adeline répondit ceci : « Non, ça pourrait pas parce qu’à Tahiti, c’est quand même assez divisé hein ?! Les gens du Kuo Min Tang seront toujours Kuo Min Tang. Les gens de Fuikong… C’est dans la tête, ils sont catholiques ou protestants, ben, la communauté chinoise, c’est pareil. Quelqu’un de Kuo Min Tang ne pourra jamais dire qu’il est Fuikong gnin 138 … tout ça. Non, je ne pense pas. Ce qui n’interdit pas qu’ils se fréquentent lors des cocktails par exemple mais l’appartenance, oui… Leur esprit reste toujours attaché à leur association. C’est comme un catholique qui va dans un temple pour un enterrement. De cœur, il reste toujours catholique. » En conséquence, des différences se dessinent entre les associations chinoises et leurs membres respectifs. Par exemple, pendant une discussion informelle, il a été rapporté que l’association Wen Fa n’est pas une association dynamique, ou encore qu’elle se dit une association d’intellectuels chinois mais qu’il s’agirait plutôt de « commerçants intellectuels ». Cette association serait fermée car il faudrait appartenir à un milieu social relativement aisé pour prétendre y entrer. Ainsi, de nombreuses représentations collectives mutuelles se développent au sein du milieu associatif chinois, entre les membres respectifs de chaque association, mais aussi entre les Chinois engagés dans la vie associa- tive chinoise et ceux qui ne le sont pas. Ce sont les structures associatives que 130 138 « une personne de Fuikong. »

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