Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

l’on juge ou que l’on critique, et non les individus qui composent ces associa- tions. Il s’agit d’un « tout », d’un ensemble constitué, c’est-à-dire, d’un groupe associatif. Si les identités locales de ces associations se forment les unes par rapport aux autres, elles tracent également une « frontière » entre « ceux des associations » et « ceux du dehors ». Selon certains membres de l’Association Philanthropique Chinoise, ce sont notamment les « gens qui ne connaissent pas l’histoire des associations chinoises », et de ce fait, ils ne peuvent pas en comprendre les démarches et les objectifs. Ils parleraient sans savoir ou critiquent sans fondement. Néanmoins, quelques représentations individuelles nous permettent de cerner les images que se font « ceux du dehors » quant aux associations chinoises, dont l’Association Philanthropique Chinoise. Elles nous permettent également de comprendre les principales raisons pour lesquelles l’Association Philanthropique Chinoise a perdu son « aura » auprès des Chinois de Polynésie française. Les représentations négatives sont surtout le fait des Chinois de Poly- nésie française. Outre la représentation que cette association est emblématique des derniers représentants d’un mode de vie, d’un refus d’intégration et d’une mentalité tombée en désuétude, d’autres opinions sont développées à propos de l’Association Philanthropique Chinoise. Ainsi, cette dernière est également considérée comme un lieu opaque et difficile à cerner, car selon ces propos issus d’entretiens informels : « On ne sait pas trop ce qui se passe dedans. » ou « On a déjà entendu parler. »… À cette image imprécise de l’association, d’autres possèdent des représentations et des avis plus clairs. Ainsi, les associations chinoises, dont l’Association Philanthropique Chinoise, ne subsisteraient que par les actes intéressés de ceux qui les composent. La solidarité qui regroupait les Chinois en associations n’existerait plus. En effet, lors d’une discussion en aparté, il a été déclaré qu’avant : « il fallait s’entraider car les Chinois étaient des étrangers et ils n’avaient aucun mot à dire ». L’évolution de la société polynésienne aurait ainsi eu des conséquences importantes sur les associations chinoises. Elle les aurait perverties en quelque sorte, car « C’est la société qui veut ça. » selon un informateur. Mais il y a aussi l’idée que certains protègeraient des privilèges propres. Par exemple, il est dit que ces associations sont dirigées par des familles, qu’il s’agit toujours des mêmes, et que certains n’hésiteraient donc pas à se servir d’elles à des fins politiques. Plus précisément, pour d’autres, l’Association Philanthropique Chinoise est une association fermée, regroupant 131

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