Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

des personnes d’un milieu social aisé. Cette opinion, recueillie au cours d’un échange informel, nous donne un exemple implicite : « Il ont beau dire qu’ils réunissent tous les Chinois mais c’est un cercle fermé…Ne rentre pas qui veut. ». Par ailleurs, il faut avoir de l’argent et le montrer pour rentrer dans cette asso- ciation. Toutes ces représentations dressent plus ou moins avec exactitude la réalité, ainsi que l’image de l’Association Philanthropique Chinoise et celle du milieu associatif chinois. Si ces propos renferment effectivement une part de réalité, il apparaît que la situation de l’A.P.C. a évolué. De plus, les pratiques héritées du temps du système communautaire chinois ont moins d’emprise sur cette association qu’auparavant. Cette dernière s’adapte peu à peu au contexte sociopolitique global et à celui, changeant, des Chinois de Polynésie française. L’A.P.C. som- meillait en quelque sorte, du fait de son inadaptation face aux bouleversements de la communauté chinoise 139 . Cette structure était « pétrifiée » dans un temps révolu. Aujourd’hui, ce « vieux dinosaure », telle qu’elle est désignée par un informateur, commence à bouger, à s’adapter à la société polynésienne. Cependant, ce n’est pas sans mal et sans difficultés. « On assiste ainsi à une renaissance de l’A.P.C. » comme a pu confier Elias. Cela se traduit notamment par des appréciations sur les actions menées par cette association, et le fait que l’on assiste également à un regain d’intérêt vis-à-vis d’elle. Yves nous explique : « Maintenant les gens se sentent appartenir à Philanthropique. Ils sont fiers de dire : mon père, mon grand-père était membre, j’aimerai faire quelque chose mais il y a une différence entre vouloir venir et venir… En tout cas, ils se sentent déjà proches de Philanthropique… On a un peu le vent en poupe. » L’A.P.C. n’est plus une structure fédératrice communautaire. Néan- moins, ses activités lui permettent de produire et de lancer des liens sociaux. Ces derniers sont dirigés vers l’extérieur, et non plus uniquement vers l’inté- rieur du groupe chinois. Ainsi, la notoriété de cette association est devenue une source de prestige pour ses membres par rapport à l’ensemble de la société polynésienne. C’est notamment l’effet ressenti quand l’association organise des expositions culturelles. Ces dernières semblent à chaque fois être une réussite et ravissent l’ensemble du public polynésien. Elles permettent une meilleure connaissance des Chinois de Tahiti, mais également de la culture et de la civi- lisation chinoise. L’exposition sur l’Écriture Chinoise en est un exemple. Par ailleurs, il nous est possible d’appréhender un sentiment de fierté que peuvent 132 139 Toutes les associations chinoises de Polynésie française connaissent plus ou moins cette réadaptation à la société environnante.