Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

ressentir les membres de l’A.P.C. à la suite d’une telle manifestation. Ainsi, ce type d’événement est représentatif des actions de promotion et de dévelop- pement de la culture chinoise que cette association organise. En outre, l’A.P.C. établit également un lien culturel entre les Chinois et l’ensemble de la société polynésienne. Les manifestations publiques de l’association peuvent servir à faire reconnaître une identité culturelle chinoise vis-à-vis de la société polynésienne, et voire au-delà. Cette dernière est pour ainsi dire montrée en public. Pour certains, il s’agit d’un « show » qui permet de revendiquer sa sinité. 3) Des représentations au profit d’une reconnaissance identitaire On ne peut penser à la reconnaissance identitaire, revendiquée par les membres de l’A.P.C., sans évoquer la question de son élaboration comme le montre Charles Taylor dans son livre sur le multiculturalisme : “La thèse est que notre identité est partiellement formée par la reconnaissance ou par son absence, ou encore par les mauvaises perceptions qu’en ont les autres : une personne ou un groupe de personnes peuvent subir un dommage ou une déformation réelle si les gens ou la société qui les entourent leur renvoient une image limitée, avilissante ou méprisable d’eux-mêmes. La non-reconnaissance ou la reconnaissance inadéquate peuvent causer du tort et constituer une forme d’oppression, en emprisonnant certains dans une manière d’être fausse, déformée et réduite.” (Taylor 1992 : 41-42) En conséquence, on peut légitimement penser que l’A.P.C. élabore partiellement cette reconnaissance identitaire. Elle forge à l’occasion l’identité collective des Chinois de Polynésie française. De fait, pour certains membres de cette association, il est temps que les Chinois de Polynésie française montrent leurs différences culturelles. Comme le confie l’un deux : « Avant les Chinois devaient baisser la tête car ils n’étaient pas acceptés, c’étaient des étrangers. Maintenant, c’est à nous de relever la tête et de montrer qu’on est Chinois. » Ainsi, ces propos nous ramènent au contexte xénophobe développé par la société coloniale, où les Chinois se devaient d’être discrets car ils étaient rejetés. Par ailleurs, la société interculturelle 140 polynésienne favorise le développement de cette reconnaissance identitaire, dans la mesure où il s’agit d’une société ouverte et tolérante. Par exemple, le Jour de l’An chinois est désormais intégré aux 133 140 Selon la définition de Claude Canet : « l'interculturation désigne la situation d'un groupe ou d'un sujet se trou- vant constamment en présence de deux univers culturels. Il y a alors relation alternative et continuée à deux cul- tures distinctes et structuration de la personnalité par rapport à ces deux cultures. » (Clanet : 1993).

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