Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
chercheur en sciences sociales Ernest Sin Chan (Sin Chan 2004 et 2005). Elle s’explique par un désir d’être au plus près de ses racines et par un besoin d’authenticité. En effet, l’idée principale qui se dégage de leurs interventions est que les Chinois de Tahiti sont des « Chinois », et que, si l’on fait une taille précise de leur identité, ce sont avant tout des Hakkas. Il s’agit de retrouver les différences qui singularisent les ethnies chinoises entre elles, de retrouver les spécificités de son groupe afin d’être au plus proche d’une identité « vraie ». Ce que l’Association Philanthropique Chinoise tend à négliger, notamment par faute de moyens. En effet, cette association possède les relations et les capaci- tés de faire connaître la culture chinoise dans son ensemble le plus global. Mais il en est autrement pour la culture hakka qui possède ses spécificités propres. De plus, on peut avancer avec une certaine certitude que ces dernières se sont effritées au fil du temps, voire transformées parfois jusqu’à l’oubli. En Polynésie française, ce constat peut se confirmer au travers de certaines pratiques qui se sont simplifiées ou qui se sont adaptées au contexte polynésien. Par exemple, lors de la célébration du Ka San ou le culte des morts (Sin Chan 2004 : 301-308), chacun célèbre le Ka San plus ou moins à sa manière : les uns apportent uniquement des fleurs tandis que les autres nettoient également les tombes, d’autres encore apportent des offrandes ou font une prière chrétienne. Ces pratiques se retrouvent plus ou moins profondément chez les uns ou les autres. De plus, le Ka San tend ainsi à être évacué de toute sa symbolique et de sa croyance originelle. Ainsi, cette évolution culturelle disparate se retrouve également au niveau de l’identité des Chinois de Polynésie française, où chaque individu in- tègre plus ou moins bien, de l’incorporation au rejet, les références identitaires chinoises, polynésiennes et françaises. Par ailleurs, certains de ces éléments peuvent être soit prépondérants soit inexistants. Par exemple, certains Chinois de Tahiti disent qu’ils ne sont pas Chinois. Ils ont tendance à se définir comme Français ou/et Polynésiens. Tous ces éléments nous amène à réfléchir sur une identité métisse des Chinois de Polynésie française. 2) Une identité métisse : un noyau identitaire chinois renforcé Dans ce contexte plus ou moins flou, il est difficile de dire ce qu’est réellement la culture chinoise, et encore moins la culture hakka, des Chinois de Polynésie française. Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit d’un vaste « mélange » entre les cultures polynésiennes, françaises et chinoises. Il semble alors que 141
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw