Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

mais faible : petit Chinois, pas fier, Chinois… Chinois par hasard, Chinois de naissance, Chinois biologiquement, enveloppe, à l’intérieur : Hakka, Hakka mélangé, un Hakka pas complet. C’est vrai que je me sentais attiré par la Chine sans être comme je le suis aujourd’hui, je me sentais très très polynésien parce que je connais plus la Polynésie que la Chine, et français aussi, j’en sa- vais plus sur la France que sur la Chine. Maintenant dans le curseur, c’est dif- férent, je suis Chinois, Polynésien et Français. » La construction du noyau identitaire engage une unité de sens chez l’individu. Ce dernier a tendance à hiérarchiser les éléments qui le composent (Camilleri : 1990). À travers le témoignage d’Yves, cette hiérarchie des élé- ments du noyau identitaire montre la prédominance du caractère chinois, qui est désormais en adéquation avec la société environnante puisque le groupe dominant reconnaît avant tout l’identité chinoise des concernés. Aux membres de l’Association Philanthropique Chinoise, cette association permet de préserver, de construire ou de reconstruire leur sinité par rapport à la société polynésienne. L’acquisition de repères et de références identitaires est donc un enjeu dans la stabilité de la conscience de son identité. Outre les cours de langue que propose cette association, les voyages en Chine sont les activités majeures qui favorisent le développement de la sinité et d’un sentiment d’appartenance chinois. Le témoignage d’Adeline nous fournit ainsi un exemple : « … on a fait un voyage en septembre, ça a été pour moi une découverte un peu plus de notre identité de Chinois, de la Chine à laquelle on appartient. En fin de compte, on est ici à Tahiti mais on vit un peu à l’européenne. Les cultures vraiment chinoises et tout, on oublie un peu, bien que malgré mon papa vient de Chine… Le voyage m’a donné le goût de relire des livres chinois… Quelque part on se dit, on est Polynésien, on est Français mais le fond reste chinois et je suis contente parce que mon père nous a toujours éduqués à la chinoise. Il a été très sévère. Je suis vraiment contente qu’il m’ait donné une éducation comme ça. Et je découvre de plus en plus cette Chine qui est notre nationalité, on est quand même Chinois quelque part. » Par conséquent, l’Association Philanthropique Chinoise permet de resituer cette identité chinoise, de répondre à la question : qui suis-je ? À nouveau, Yves témoigne, cette fois à propos des réaménagements qu’il croit percevoir au niveau de sa propre identité et de la prise de conscience qui en résulte : « Je dis que rien ne vaut le fait de passer un séjour en Chine physiquement que de regarder des photos. Il faut aller là-bas. Il faut respirer l’air, il faut aller voir de visu comment elle est la Chine, et ça, ça va redonner aux gens, aux 143

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