Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

jeunes notamment, le goût de s’intéresser un peu plus à la Chine, et de com- prendre qu’on appartient à un ensemble qui est, d’abord bien réel, fort en cul- ture, en économie et en politique. On se sent un peu plus fier d’être Chinois et de participer à la vie en Polynésie. Ça c’est important aussi car avant d’y aller on se dit Chinois mais sans plus. Maintenant que je suis allé en Chine et que je suis président d’association, que j’essaye de prendre des cours de mandarin, je crois que je suis accompli. Je sais que je suis un Hakka, j’apprends le manda- rin, je ne maîtrise pas trop, je fais des pratiques tant bien que mal, mais je sais désormais de quoi je suis constitué. Ce n’est pas la chair qui est important, c’est l’enveloppe, c’est le mental et je suis fier de participer à l’économie de notre pays. Étant donné que je suis Chinois, grandi et né à Tahiti, je me sens aussi Polynésien parce que je connais aussi la culture tahitienne. Je participe, je prends ce qu’il y a de meilleur, et puis Français parce que j’ai été éduqué par le système éducatif français. » Ce processus de « re-sinisation » et cette identité « complète » qu’évoque cet interlocuteur se retrouve chez les membres de l’Association Philanthropique Chinoise. Mais il faut relativiser ce constat en fonction des identités indivi- duelles de chacun. Cependant, il ressort globalement que cette association permet de prendre conscience de sa sinité et de construire une identité autour de références identitaires chinoises. Ainsi, Yves affirme : « J’aimerais que Philanthropique soit un outil au plus grand nombre et que cet outil permette aux gens à aller chercher leurs racines pour ressentir ce que j’ai ressenti. Je pense que les gens qui auront agi à Philanthropique vivront mieux leur sinitude. » En effet, si l’Association Philanthropique Chinoise permet de « res- sentir » son identité chinoise, voire de la construire ou de la re-construire, cette association engage également à la prise de conscience des différences entre les Chinois de Polynésie française et les Chinois de Chine. Les membres de l’as- sociation et leurs invités chinois sont à même de percevoir ces différences et d’élaborer des représentations réciproques. 3) Les représentations et les différences mutuelles entre Chinois de Polynésie française et de Chine La recomposition identitaire permet la reconnaissance de similitudes avec l’ensemble des Chinois d’outre-mer et de Chine, par la langue, les traditions retrouvées, voire créées, ou l’histoire des origines encore. Mais la construction 144

RkJQdWJsaXNoZXIy NzgwOTcw