Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
attitudes qui ont déjà été cités et qui n’appartiennent pas à la culture chinoise. Ces différences perceptibles vont même jusqu’au physique, comme la couleur de la peau. Cette même interlocutrice fut également surprise de constater que les Chinois de Polynésie française l’abordaient et lui demandaient automati- quement si elle venait de Chine : « À croire que c’est écrit sur mon visage. » Ainsi, une dichotomie existe entre les Chinois de Polynésie française et les Chinois de Chine. Les premiers sont d’« ici » et les seconds sont de « là-bas ». L’explication vient de la « barrière de la langue ou soit on se dit qu’ils ne sont pas Tahiti » selon Yves. Ce dernier a notamment entendu dire que des Chinois arrivés de Chine souhaiteraient créer leur propre association. Par conséquent, malgré la revendication d’une identité chinoise commune, les différences persistent. Ces dernières tendent à définir des identités chinoises spécifiques. Où l’« Autre » chinois est assimilé à la figure de l’« Étranger » en fonction du contexte dans lequel il évolue. Par exemple, l’Association Philanthropique Chinoise permet la réunion de ces deux groupes, les Chinois de Polynésie française et les Chinois de Chine. Car elle a tendance à effacer ces différences. Mais hors du cadre de cette association, les différences réapparaissent et permettent de mettre en scène d’autres identités. En conséquence, l’identité, qu’elle soit individuelle ou collective, est une no- tion relative en fonction des acteurs sociaux qui la définissent et du contexte dans lequel elle est sollicitée. La construction de l’identité se base sur le contexte dans lequel le sujet évolue. En fait, l’identité s’adapte à son environ- nement. Néanmoins, ce dernier pèse également sur la formation de l’identité. Cette dernière et le contexte rentrent dans un rapport dialectique. Ils se nourrissent et se construisent mutuellement. Ainsi, le contexte influence aussi l’identité, comme nous avons pu le constater avec la population chinoise de Polynésie française et l’Association Philanthropique Chinoise. Mais l’identité influence également le contexte. Elle le modèle à l’image du théâtre urbain (Raulin : 2002) que constituent les associations chinoises du Territoire 148 . Par ailleurs, certains de ses membres peuvent également refuser de s’adapter. Il en résulte des troubles de l’identité ou des problèmes sociaux d’ordre identitaire entre l’individu ou le groupe et son environnement, soit le contexte dans lequel il vit et évolue. Par exemple, il est possible de citer les problèmes d’intégration 149 liés 147 148 En ce qui concerne la Diaspora chinoise, le XIII e arrondissement de Paris est un autre exemple de théâtre urbain modelé par les identités chinoises. 149 Ces problèmes d’intégration ne sont pas à sens unique. Il peut également venir du regard négatif que porte la société d’accueil sur ces populations. Cette dernière leur refuse ainsi toute possibilité de cohabiter ou de vivre en- semble. Les actes racistes peuvent être cités en exemple.
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