Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

CONCLUSION Comme nous avons pu le constater, l’Association Philanthropique Chi- noise est un lieu rempli de sens, soit un lieu anthropologique selon les termes de Marc Augé. Ainsi, cette association est notamment une trace matérielle et un bien du passé. En effet, elle est liée à l’histoire de la communauté chinoise de Polynésie française. De ce fait, l’Association Philanthropique Chinoise s’est d’abord développée en tant qu’association communautaire, où une partie des Chinois de Tahiti se regroupait autour d’elle afin de faire face aux contraintes et à l’hostilité de la société coloniale. Cette démarche semble d’ailleurs com- mune à plusieurs associations d’immigrés ou issues de l’immigration. À cette époque, il faut aussi noter que le développement de l’Association Philanthropique Chinoise n’est pas un mouvement isolé. En effet, pendant la même période, de nombreuses associations chinoises se développent également à Tahiti. Il est donc nécessaire de rappeler que ce territoire ethnique n’est pas unique et qu’il se forme à peu près en même temps que d’autres. Ainsi, les associations chinoises constituent une toile associative et administrative mais chacune d’entre elles reste un pôle indépendant de développement socioculturel, économique et politique. En conséquence, la naissance de plusieurs associations chinoises, dont l’Association Philanthropique Chinoise, a pour résultat de créer des « micro-communautés » relativement autonomes au sein de la communauté chinoise de Tahiti. De plus, ce fait est favorisé par les divisions et les conflits qui règnent entre les différents groupes associatifs chinois. Les contacts et les interactions se font ainsi entre les associations chinoises de Tahiti. Ces territoires ethniques sont autant de lieux de vie et de sociabilité pour les Chinois de Polynésie française. Ils permettent une structuration multipolaire de cette communauté, à travers les associations chinoises. Par ailleurs, ces dernières sont également des lieux où se transmettent les référents identitaires et les valeurs culturelles propres aux Chinois. Ainsi, ces associations, dont l’Association Philanthropique Chinoise, sont autant des lieux d’expression que de transmission de l’identité chinoise-hakka. Les enjeux des écoles chinoises, dont l’École Philanthropique Chinoise, nous le rappellent. Ils nous renvoient également aux conflits entre les Chinois de Polynésie française et l’administration française de cette époque, où le désir de conserver et de transmettre sa culture s’opposait aux processus d’acculturation mis en place par les autorités administratives. Cependant, à la suite des événements de 1949 en Chine et à la suite de la 149