Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
fermeture des écoles chinoises en 1964, la communauté chinoise s’intègre progressivement à la société polynésienne, mettant également fin à des décennies de communautarisme. Ainsi, le contexte a évolué et grandement changé. De nos jours, les Chinois de Polynésie française sont intégrés et acculturés à la société polynésienne. La communauté chinoise et ses territoires ethniques se sont donc ouverts. Ce fait peut se vérifier à travers les associations chinoises de Polynésie française. Ces dernières étaient jadis des territoires ethniques clos. Aujourd’hui, l’Association Philanthropique Chinoise est devenue un objet de mémoire pour ses membres, mais également pour les Chinois de Tahiti. Cette association est un lieu propice à la création d’une mémoire. Cette dernière est notamment issue des souvenirs échangés entre ses membres. Par conséquent, l’Association Philanthropique Chinoise permet la construction ou la reconstruction des événements passés de cette population. Cette trace matérielle du passé rappelle notamment la vie communautaire que menaient les Chinois de Tahiti. Par ailleurs, cette mémoire créée, voire recréée, tient également un rôle important dans la formation identitaire de cette association et de ses membres. Au niveau collectif, la mémoire de l’Association Philanthropique Chinoise permet l’élaboration d’une identité collective particulière et la construction d’une culture associative spécifique. Pour chacun de ses membres, elle semble qu’elle soit à l’origine de la formation de références identitaires chinoises à la fois individuelles et collectives. Ainsi, l’Association Philanthropique Chinoise est un lieu de production identitaire. Cependant, la mémoire n’est pas le seul processus en jeu permettant la construction de références identitaires, et notamment de nature chinoise, dans le contexte interculturel de la société polynésienne. Comme nous avons pu le constater, notamment à travers la conservation de traits propres aux Chinois, l’Association Philanthropique Chinoise maintient une identité ethnique forte. Elle reste profondément marquée par la culture chinoise. Néanmoins, cette association s’est adaptée à son contexte environnant, et son mode de gestion en est un exemple. Ce dernier s’appuie sur des procédés chinois. De plus, il tient également compte du système associatif défini par la loi de 1901. On pourrait dire que les membres de cette association ont adapté leur mode de gestion chinois à leur structure associative « occidentale ». Ainsi, l’Association Philanthropique Chinoise peut être désignée comme une « entre- prise associative ethnique », dans la mesure où son mode de gestion lie certaines caractéristiques d’une entreprise ethnique chinoise et les caractères d’une association. 150
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