Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

leur lecture de leur identité et de l’identité des autres selon les situations, leurs enjeux et leurs projets. Mais ils doivent également tenir compte du contexte de références où se construit l’identité. Ainsi, une association constitue un de ces cadres de références car elle implique des enjeux et des objectifs particuliers qui influent ses membres. De plus, ces derniers influent également sur leurs associations respectives. Ainsi, une association et ses membres interagissent entre eux. D’autres éléments sont aussi à prendre en considération, comme son fonctionnement par exemple. Une association constitue alors un cadre de références pour l’identité. Ce dernier s’élabore à partir des relations qui s’établissent et se développent entre une association et ses membres. Une association doit donc être considérée comme un acteur social qui participe à l’élaboration de sa propre identité. Par conséquent, dans quelle mesure l’identité agit-elle sur une association ? Comment se construit-elle ? Quels en sont l’enjeu et l’importance dans une telle structure ? En somme, une association peut-elle être un lieu d’expression et/ou de production identitaire ? Pour répondre à cette question, nous proposons d’étudier un type particulier d’association de loi 1901. En effet, il semble que les associations d’immigrés ou issues de l’immigration soient propices à cette réflexion. Car les problématiques sur l’identité y prennent une dimension spécifique. Par ailleurs, elles constituent des enjeux importants pour ces associations, mais également pour leurs membres. Ainsi, l’association étudiée est l’Association Philanthropique Chinoise de Tahiti en Polynésie française. Cette structure associative s’inscrit notamment dans le mouvement de la Diaspora chinoise. Le terme de « diaspora » est d’origine grecque. Il est utilisé depuis l’Antiquité pour désigner le peuple juif après la destruction du Temple de Jérusalem et l’annexion de la Judée par les Romains. Par la suite, ce terme fut étendu à la dispersion des Grecs, des Arméniens et des Chinois hors de leurs pays respectifs. De nos jours, il désigne couramment toutes les formes de dispersion de populations, jusque-là évoquées par les termes d’expulsés, d’expatriés, d’exilés, de réfugiés, d’immigrés ou de minorités (Gentelle 2000 : 66-67). Il semble que le mouvement de la Diaspora chinoise débute au XIII e siècle et que cette dernière connaît son essor au XIX e siècle. La Chine du Sud (surtout les provinces du Fujian, du Guangdong et du Hainan), ou sa façade maritime, devient le point de départ privilégié de ce mouvement. On évaluerait la population des Chinois de la diaspora ou des Chinois d’outre-mer 9 à environ trente millions de personnes 34 9 En mandarin, cette désignation s’exprime par deux termes séparés : Huaqiao et Huayi. Le premier terme signifie « ressortissants chinois séjournant à l’étranger » tandis que le second : « Chinois issus de l’émigration » (Gentelle 2000 : 70-71).

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