Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

anthropologique (Augé : 1992), c’est-à-dire un lieu chargé de sens et de représentations. Ainsi, cette association est considérée comme un lieu où se croisent et s’enchevêtrent la mémoire, les relations sociales et les représentations. Ces éléments semblent structurer une association. Ainsi, cette association chinoise est avant tout un lieu de mémoire dans la mesure où il s’agit d’une structure imprégnée par une histoire et un passé. Comme nous l’avons dit, l’Association Philanthropique Chinoise est liée à la communauté chinoise de Tahiti. Par conséquent, toutes deux partagent une histoire commune. Cette association, au même titre que d’autres associations chinoises du Territoire, a été un élément structurant et fédérateur pour les Chinois de Tahiti. Elle a notamment permis à ces derniers de se regrouper et de faire vivre leur culture. Ce fût une association d’immigrés et également un moyen d’expression identitaire. Par la suite, il semble que l’ouverture de cette association soit conco- mitante à celle de la communauté chinoise de Tahiti. Le contexte ayant évolué et changé depuis la période coloniale, l’Association Philanthropique Chinoise s’est progressivement ouverte, et les relations sociales qui y avaient cours ont également subi une évolution. De nos jours, elle est devenue un lieu de sociabilité accessible à tous. Ce dernier permet la rencontre et les échanges entre les Chinois et les non-Chinois, mais également entre les Chinois d’outre- mer et les Chinois de Chine. Ces rencontres permettent la définition des uns et des autres. Il semble alors que l’Association Philanthropique Chinoise soit « créatrice » d’identité, dans la mesure où les processus d’identification semblent relativement plus riches et plus complexes qu’auparavant. Ainsi, l’Association Philanthropique Chinoise possède aussi des enjeux identitaires, se reflétant à travers les représentations qui ont cours sur ou au sein de cette association. Les identités construites définissent notamment des sentiments d’appartenance. Ces derniers sont à la fois individuels et collectifs, suivant les acteurs sociaux concernés. Les objectifs de cette association restent officiellement culturels mais d’autres buts peuvent y être discernés. En effet, en accédant à la culture chinoise, ses membres peuvent prendre conscience de leur sinité et construire, voire reconstruire, cette dernière. Cette association permet donc la constitution de références identitaires chinoises en rapport avec un sentiment d’appartenance lié à la Chine. De plus, il y est possible de constater que l’identité des Chinois de Tahiti a évolué, que cette communauté chinoise a également changé. L’Association Philanthropique Chinoise propose ainsi un point de vue sur 37