Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
I. UN LIEU DE MÉMOIRE : L’EMPREINTE DU PASSÉ Face à une société hostile et inconnue, on constate que les migrants ont souvent tendance à se rassembler pour former des groupes de solidarité et/ou de sociabilité. De même, des stratégies de migration - dont les buts sont d’organiser et de structurer cette dernière - peuvent également être à l’origine de ce type de rassemblement. Ainsi, les associations communautaires, comme l’Association Philanthropique Chinoise à Tahiti, sont un témoin de ces regrou- pements. Cependant, si cette démarche est commune aux associations des populations immigrées ou issues de l’immigration, il ne faut pas oublier que chacune de ces associations possède des particularités et des spécificités qui les différencient les unes des autres. C’est ce que le milieu associatif des Établissements Français de l’Océanie permet de constater à travers une perspective diachro- nique et synchronique. A) U NE ASSOCIATION COMMUNAUTAIRE « COMME LES AUTRES » À Tahiti, l’Association Philanthropique Chinoise est un exemple d’association communautaire structurée par une population immigrée. Dans notre cas, il s’agit plus précisément d’individus de nationalité chinoise. Ce sont des Hakkas qui viennent du sud de la Chine, et particulièrement de la région de Canton. Néanmoins, si les Hakkas forment cette structure associative sur la base de pratiques communautaires communes aux populations immigrées, cette association possède ses propres caractéristiques. Ces dernières la différencient des autres associations chinoises des EFO. 1) Le contexte associatif chinois à Tahiti vers la fin du XIX e siècle À la Réunion ou en Martinique, les coolies chinois travaillent dans les plantations de canne à sucre, tandis qu’à Tahiti, ils œuvrent dans la plantation de coton de William Stewart, de 1865 à 1873 (Wong-Hee-Kam 1996 : 207). En 1873, la faillite de la plantation d’Atimaono signe la fin d’une immigration chinoise contrôlée et caractérisée par le système de la plantocratie. Elle laisse ainsi la place à une immigration libre, organisée en partie par les Chinois des EFO eux-mêmes. Le développement des réseaux de solidarité et d’entraide, propres à la Diaspora chinoise en général, va d’ailleurs dans ce sens. En effet, 39
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