Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

188-189). Au départ, les motivations des fondateurs sont la constitution d’une association apolitique et de bienfaisance. Cette association a également pour but de commercer avec la Chine continentale. Mais pour certains, l’explication commerciale est déterminante dans l’origine de cette création. Il est probable que ce soit d’ailleurs le cas. Suivant Elias en effet, le Kuo Min Tang et l’Association Philanthropique Chinoise ont : «…toujours commercé avec la Chine malgré leurs activités de bienfaisance, important ainsi des produits de Hong Kong. Ce sont des commerçants et des notables de la communauté chinoise qui sont à la base de la création de l’Association Philanthropique Chinoise, tandis que des maraîchers et des agriculteurs constituaient le Kuo Min Tang. Chin Foo était à la tête de l’Association Philanthropique Chinoise. » De même pour John, cette association est née d’un objectif commercial et économique. Par la suite, elle a pu dépasser cette finalité économique : « Ceux du bureau sont des hommes d’affaires avant tout. Fuikong a toujours été le siège d’hommes d’affaires. C’est pour ça que Fuikong a été créée, pour quitter le Kuo Min Tang, KMT. Pour dire non, on fait pas de politique, mais notre seul et unique intérêt c’est ça. Le reste, nous, on est des commerçants avant tout. Il y a toujours eu cette perspective. Bon, après ça s’est atténué et c’est devenu un lieu de villégiature. C’est la maison de tout le monde, de tous les Chinois… Ceux qui font pas de politique. » C’est donc dans ce cadre que des demandes d’autorisation sont successivement envoyées au Gouverneur des EFO, soit les 3 et 19 avril 1921. Cependant la première demande est rejetée pour le motif suivant : “Si cette nouvelle Association Chinoise se renferme dans la limite du but pour lequel elle a été créée, l’Administration ne pourrait que l’accueillir avec bienveillance. Mais je demeure sceptique. Depuis près d’un an, le jeu a pris une extension énorme parmi l’élément chinois de la colonie. La police avec un zèle infatigable pourchasse et traque les joueurs : il ne passe guère de semaines sans que les Tribunaux aient à condamner des Chinois pour Tenue de maison clandestine de jeu ; et les Tribunaux se montrent avec raison très sévères dans la répression. C’est au Cercle Chinois Si Ni Tong que se réunissent tous les joueurs il s’y perd des sommes dépassant 100 000 francs par jour ; la police y fait constamment des descentes fructueuses. Et pourtant le Cercle Si Ni Tong est une Association philanthropique… qui a des ramifications, des succursales dans toute la ville 21 .” 44 21 Source : Direction de la Réglementation et du Contrôle de la Légalité (D.R.C.L.). Lettre du Procureur de la République, Chef du Service Judiciaire au Gouverneur des EFO, Papeete, 23 février 1921.

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