Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

d’attitude des autorités administratives, qui décident finalement d’autoriser la constitution d’une telle association. En fait, ce changement d’attitude est lié à l’évolution de la conjoncture internationale et au contexte politique chinois des EFO. Ainsi, la réglementation des congrégations est modifiée en 1922, car leur organisation et leurs objectifs ne sont plus basés sur la dichotomie régionale et ethnique de la communauté chinoise locale. En effet, les divisions politiques in- ternes fragmentent cette population. De plus, l’administration coloniale cherche à instrumentaliser les associations chinoises, en vue de contrôler leurs membres et de canaliser les tensions 24 politiques qui en découlent. C’est ce qui apparaît à la lecture de ces propos : “Un arrêté du 29 décembre 1922 vint modifier cet état de choses et regrouper les célestes en trois associations qui correspondaient non plus aux origines territoriales mais à l’appartenance politique des intéressés. Ainsi furent créées : 1- l’Association Philanthropique 2- l’Association Kouo Min Tang (transcription originelle du document cité) 3- l’Association des Neutres … Ces trois associations groupent sans distinction des adhérents de toutes les origines provinciales, si bien que le système de « Groupement administratif régional » institué en 1875 a complètement disparu 25 .” Ces trois associations remplacent les anciennes congrégations originelles. Elles sont chargées de mettre à jour et de tenir une liste des Chinois résidant dans la colonie, et d’adresser des copies aux Services du Trésor, des Contributions et de la Police. Ces associations doivent également s’employer à ce que leurs compatriotes s’acquittent des contributions directes et taxes auxquelles ils sont soumis. Elles servent aussi d’intermédiaire entre l’Administration et les Chinois (Cheung 1998 : 302). Ainsi, c’est de cette manière que l’administration coloniale en vient à classer la population chinoise, suivant les trois tendances politiques définies par les dites associations. L’Association Philanthropique Chinoise regroupe les « conservateurs » et les fidèles de l’Empire chinois. Par la suite, l’Association Kuo Min Tang désigne les « progressistes » et les partisans de SunYat Sen. Enfin, l’Association des Neutres, comme son nom l’indique, propose une voie « centriste ». Cependant, il est nécessaire de relativiser la catégorisation dans laquelle est classée 46 24 « M. Chin Foo dévoila au Gouverneur qu’un article du journal de Hong Kong, The Great Light, du 12 no- vembre 1921, inspiré par ses adversaires (les partisans de Sun Yat Sen), avait publié des informations selon lesquelles lui et ses amis auraient tenté d’assassiner un de leurs congénères et réussi à soudoyer les hauts fonc- tionnaires français. » (Coppenrath 1967 : 60). 25 Source : AP.BH.BR.430. La question chinoise – Recueil de divers éléments. Rapport sur la colonie chinoise dans les EFO.

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