Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
des infrastructures adaptées 35 à ces moments de la vie de la communauté : des bancs, des tables, une grande cuisine, ou encore un espace d’accueil suffisant… Ainsi, les associations chinoises permettent l’expression et le maintien de la culture chinoise. Elles participent notamment à la conservation de la culture hakka. Par exemple, on célèbre la cérémonie du « mois révolu », appelée en Hakka man ngiet ou tso ngiet . Cette cérémonie désigne le jour de sortie et de présentation d’un enfant à la grande famille et aux amis. Elle s’effectue après trente jours de réclusion, à compter de la venue au monde du nouveau-né. Cette cérémonie est marquée par des rituels, des offrandes et un fastueux banquet. Il en est de même pour les mariages où les futurs mariés prêtent serment devant les dirigeants de l’association et devant la communauté chinoise réunie. Cet acte est symbolique et il n’a de valeur qu’auprès de la population chinoise de la colonie. En effet, ces mariages ne sont pas officiellement reconnus par les autorités administratives. Car ils ne sont pas enregistrés par l’État civil. C’est ce qu’Adeline confirme : « Avant les gens se mariaient carrément, ils faisaient des cérémonies. Maintenant, ils le font plus parce que c’est plus reconnu réellement. Maintenant pour reconnaître un mariage, il faut que tu ailles à la mairie et à l’église. Je me souviens que c’était joli quand j’étais petite. » L’Association Philanthropique Chinoise est également un lieu de recueillement et de deuil. Des cérémonies funéraires y sont organisées. Yves nous fournit un témoignage de ces moments douloureux pour la communauté chinoise : « Celui qui m’a marqué, c’est celui de A.T. Il y avait du monde, le corps était exposé et la cérémonie était très solennelle. Le père de M. S. était le maître de cérémonie, il la faisait de manière chinoise en disposant le corps comme ça, en disant que c’est d’abord lui qui vient se prosterner, etc. Il y avait aussi la présence des pleureuses. D’ailleurs, c’était souvent des entremetteuses. Elles connaissent bien les rites du deuil, tout ce qui concerne la vie, de la naissance à la mort, les coutumes… La veillée, l’exposition du corps et la levée du corps pour le cimetière se faisaient à l’école philanthropique. Il y avait très souvent des cérémonies funéraires. » Si des rites de vie et de mort sont relevés à l’Association Philanthropique Chinoise, cela ne veut pas dire que tous s’y déroulent. En effet, d’autres lieux, comme le cimetière ou le domicile familial, remplissent des fonctions analogues et participent également à ces événements.Ainsi, l’association qui nous préoccupe, et 51 35 Outre les mariages, les funérailles et les naissances, on célèbre également les anniversaires et les fêtes chinoises (comme le 10 Octobre, commémorant la révolution chinoise de 1911, ou le Jour de l’An chinois). Des loteries, des activités sportives ou des pièces de théâtre sont organisées lors de ces différentes occasions.
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