Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
ses homologues, constituent un maillon important de la « chaîne » des lieux de sociabilité des Chinois des EFO, au même titre que le domicile familial, la boutique, le temple ou le cimetière. Nous pouvons conclure que les formes rituelles collectives qui s’effectuent à Chungfa Fuikong sont importantes pour la conscience identitaire ethnique hakka. De ce fait, il s’agit d’un lieu de transmission culturelle pour cette communauté. Par la suite, les associations chinoises créent tour à tour des structures scolaires adaptées à la population chinoise de la colonie. Les écoles chinoises transmettent alors des éléments de la culture chinoise et hakka. Ainsi, l’école de l’A.P.C. devient également un lieu de transmission des référents identitaires chinois et hakkas, autant de lieux symboliques et matériels en fin de compte permettant de faire vivre le lieu et les liens entre ses membres. Au même titre que les associations chinoises, leurs écoles permettent de transmettre la culture chinoise hakka. B- L’É COLE P HILANTHROPIQUE C HINOISE , UN LIEU DE TRANSMISSION À la suite de l’émigration féminine, débutée au XX e siècle, la croissance et le renouvellement de la population chinoise sont assurés par les naissances. Dès lors, le problème de la scolarisation et de l’éducation des enfants chinois se pose. Les autorités coloniales ont notamment peur que la population des EFO « se sinise ». En conséquence, un enseignement adapté aux nécessités de la colonie leur est offert par l’intermédiaire des associations chinoises. Il se base théoriquement sur l’apprentissage du français. Mais les écoles chinoises deviennent rapidement une question problématique pour l’administration coloniale. 1- Les enjeux des écoles chinoises L’initiative d’ouvrir une école chinoise n’est pas nouvelle et le seul fait de l’Association Philanthropique Chinoise. En effet, une demande d’ouverture d’une école privée est adressée au Gouverneur des EFO en 1917. Cette école est destinée à donner à des enfants de nationalité chinoise un enseignement chinois. Par la suite, la première école chinoise est finalement autorisée à partir de 1922. Elle se forme au sein du Kuo Min Tang 36 . Il en résulte que l’ouverture de cette 52 36 Source : Journal Officiel des EFO. du 16 décembre 1922, pp. 328-329. L’article 1 er stipule que l’école du Kuo Min Tang a pour obligation d’assurer aux enfants un enseignement en langue chinoise et en langue française. L’article 2 spécifie que la personne chargée de l’enseignement du français devra être titulaire du brevet et consacrer une heure minimum à l’enseignement de sa discipline pendant la première année de la scolarité, horaire qui devra ensuite être étendu à une heure et demie les années suivantes.
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