Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

2) L’enseignement dans une école chinoise Beaucoup se souviennent encore des heures passées à apprendre et à recopier les caractères chinois. L’enseignement dispensé par l’École Philan- thropique Chinoise, tout comme dans les autres établissements de ce type, ne dépasse pas le niveau du primaire. Quant aux cours, ils sont donnés en hakka, le mandarin étant introduit dans les écoles chinoises à partir de 1950 (Wen Fa 1977 : 5-6). De plus, les instituteurs sont principalement recrutés en Chine 45 , non sur diplômes, mais selon la reconnaissance de leur savoir. On perçoit ainsi la figure du maître chinois confucéen - en ce sens que les instituteurs n’enseignent pas seulement les mathématiques, les sciences, la musique, l’écriture chinoise, la langue hakka et le mandarin - mais ils donnent également aux jeunes Chinois une éducation morale et civique selon les préceptes confucéens de la tradition chinoise. Les Chinois des EFO poursuivent ainsi l’objectif de dispenser une éducation chinoise aux jeunes membres de la communauté. Ils assurent par la même occasion la transmission des valeurs chinoises et hakkas. À l’École Philanthropique Chinoise, les cours débutent vers 7h30 et se terminent vers 11h15. Ils reprennent aux alentours de 14h, et s’achèvent vers 16h30, et ce, du lundi au vendredi. Ainsi, l’association et son école tiennent une place importante dans la vie de ses élèves et de ses membres. La vie de ces derniers est rythmée par les enseignements et par les activités récréatives ou sportives. Des pièces de théâtre, issues pour la plupart du répertoire chinois, sont jouées par les enfants. On pratique également de nombreux sports, comme le volley-ball, le basket-ball, le football ou encore le kungfu. La réussite à un examen et l’obtention d’un « certificat local 46 » sanctionnent la fin de ces études. Par la suite, si l’on a la possibilité et si l’on désire poursuivre ses études, il est nécessaire de sortir du milieu et de l’enseignement à proprement parler chinois. En conséquence, il faut se diriger vers les établissements scolaires religieux locaux. Les Chinois doivent être baptisés pour prétendre s’y inscrire. Ce qui va contribuer à accélérer la conversion à la religion chrétienne (Saura 2002 : 162) : 57 45 Par la suite, d’anciens élèves ont pu tenir ce rôle, une fois formés dans les écoles chinoises et françaises. Ce fut notamment le cas d’Elias, qui enseigna les maths et les sciences naturelles (en langue chinoise) à l’Association Philanthropique Chinoise et au Kuo Min Tang. 46 Selon les termes d’Elias, il entre à l’École Philanthropique Chinoise à l’âge de six ans et il obtient son certi- ficat d’études chinoises après six années de scolarité. Par la suite, il doit se tourner vers les établissements re- ligieux privés afin de poursuivre des études dans le secondaire.

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