Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
Un dernier élément montre encore comment se conçoit l’enseignement dans une école chinoise dans les EFO. Il faut savoir que du point de vue législatif français, les écoles chinoises relèvent du cadre de l’enseignement privé. Leurs dénominations ne peuvent donc pas être exclusivement chinoises. Aussi aurait-on dû parler d’écoles « franco-chinoises » mais la réalité a tendance à effacer cette nuance. Ainsi, Elias confie que dans sa scolarité passée, à l’École Philanthropique Chinoise, les cours de français n’étaient pas assurés par les professeurs. De plus, les élèves étaient peu enclins à suivre ce type d’enseignement : « Personne ne suivait car c’était nouveau. » . Ce témoignage vaut d’ailleurs également pour les autres écoles chinoises. Les résultats en français étant faibles, voire nuls, l’administration française se penche alors sur les problèmes de son enseignement dans l’ensemble des établissements scolaires chinois : “En 1943, un arrêté du 15 février vient modifier la réglementation antérieure, dans le sens d’une augmentation des heures de cours en langue française. Quatre écoles chinoises fonctionnent alors régulièrement dans les EFO : au Koo Men Tong (8 classes, soit 350 élèves), à la Philanthropique (6 classes, 250 élèves), au Kuo Min Tang de Papeete (6 classes, 215 élèves), et au Kuo Min Tang de Uturoa à Raiatea (3 classes, 113 élèves). Le texte de 1943 prévoit que ces établissements doivent désormais consacrer deux heures trente de leurs cours quotidiens à l’enseignement de la langue française pour les deux premières années d’études, et une heure minimum pour les années suivantes. Enfin et surtout, cet arrêté donne à l’administration française la possibilité de fermer d’office les établissements dont les résultats à l’examen préparé (certificat d’études) seraient jugés insuffisants.” (Saura 2002 : 134-135) Mais ces mesures n’ont pas les effets escomptés. Les jeunes Chinois scolarisés dans les associations n’améliorent pas pour autant leur niveau et leur maîtrise du français. À partir de 1946, des sanctions de fermeture sont prises par arrêté. C’est ainsi qu’en guise d’avertissement, l’administration française suspend les activités de l’école du Kuo Min Tang pour une journée, et celle du Koo Men Tong pour deux jours : « vu le faible pourcentage des élèves présentés et reçus à l’examen de français de l’année 1945 49 ». Cependant, ces initiatives ne semblent pas avoir eu d’impact, puisqu’en 1947, une fermeture provisoire de quarante-cinq jours touche tous les établissements scolaires chinois des EFO 50 . La raison invoquée est toujours en relation avec l’enseignement du 59 49 Arrêté n°1323, avril 1946. 50 Arrêté du 14 mars 1947, J.O des EFO du 15 mars 1947, p.161 ; arrêté du 27 mars 1947, J.O des EFO du 31 mars 1947, p.178.
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