Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
français dans ces écoles. En conséquence, cet enseignement devient un enjeu important dans l’intégration des Chinois de la colonie : “Les examens de français dans les écoles chinoises de Papeete de la dernière session font apparaître des différences considérables dans les résultats ; alors que pour l’école Kuo Min Tang, sur sept élèves présentés six ont été reçus, l’école Koo Men Tong a eu huit échecs sur neuf candidats présentés et l’école philanthropique cinq échecs sur six candidats présentés. Je (Gouverneur des EFO) vous serai obligé de bien vouloir me faire connaître quelles sont, à votre avis, les raisons de ces différences et si notamment dans les programmes des deux dernières écoles l’enseignement du français occupe une place suffisante 51 .” Devant ce constat, nous pouvons supposer que dans les années 1950, les Chinois des EFO, et notamment les Hakkas, constituent un groupe fermé et attaché à leur identité. Les associations chinoises et leurs écoles sont pour eux, pour ainsi dire, des « refuges ». À la suite de ces fermetures : “Certains directeurs d’école tentent d’améliorer les résultats des examens de fin d’année en français en inscrivant des élèves déjà détenteurs du certificat d’études…D’après René Gauze, cette manœuvre malhonnête est démasquée deux fois, à Raiatea et à l’école de la Philanthropique de Papeete.” (Saura 2002 : 139) Par ailleurs, concernant l’École Philanthropique Chinoise, les résultats en français tardent à se concrétiser. Ce qui a tendance à irriter l’administration coloniale : “J’ai suivi de près l’évolution de la question des écoles chinoises dont je vous avais entretenu en dernier lieu par ma lettre n° 52 du 29 octobre 1951. L’une d’entre elles, l’École Philanthropique n’ayant réalisé aucun progrès dans l’enseignement du français, malgré de nombreux avertissements, sera fermée dès la fin de la présente année scolaire ; il en sera de même de l’École d’Uturoa pour les mêmes raisons. Le Service de l’Instruction Publique locale va s’attacher en outre à obtenir des améliorations positives dans l’enseignement du français dispensé par les deux écoles franco-chinoises qui vont subsister. Le programme comportera trois heures de français par jour au lieu de deux dans toutes les classes, et sera établi sous le contrôle du Service de l’instruction Publique plus tard, lorsque ses possibilités le lui permettront, ce Service s’efforcera d’absorber toute la jeunesse chinoise de la ville 52 .” 60 51 Source : A.P. Série 17W 614, Lettre du Gouverneur des EFO au Chef du Service de l’Enseignement, Papeete, 12 décembre 1947. 52 Source : BH. BR. 430. Rapport sur la colonie chinoise des EFO, Gouverneur des EFO au Ministre d’Outre-mer, T149 n°30/S dossier n°24, Papeete, 1952.
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