Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

Tant que les Chinois ont le projet de retourner en Chine, toutes les dispositions administratives, et notamment les mesures de répression, pour favoriser l’apprentissage du français sont inutiles. Néanmoins, en 1949 et à la suite de l’avènement du communisme, la fermeture de la Chine continentale change le contexte sociopolitique des Chinois. En effet, ces derniers ne sont plus libres d’aller et venir en Chine. Ils deviennent des suspects aux yeux des communistes. Ils sont également « traqués », car ils sont considérés comme des capitalistes et des traîtres. L’émigration hors de Chine est également sévèrement limitée. Ainsi, la communauté chinoise des EFO est désormais obligée de songer à son implantation définitive dans la colonie. La voie de l’intégration devient alors envisageable car, comme ses homologues d’outre- mer, elle est « isolée ». De plus, ce processus va également dépendre du contexte juridique, politique et social dans lequel la communauté chinoise des EFO évolue. 3) L’École Philanthropique Chinoise : du déclin à la fermeture définitive À partir de 1950, les effectifs des écoles chinoises passent de 484 à 259 inscrits. L’École Philanthropique Chinoise n’échappe pas à ce phénomène. Ainsi, elle voit aussi diminuer le nombre de ses élèves. En 1941, 216 élèves sont recensés dans cet établissement. On ne compte plus que 125 inscrits en 1950 tandis qu’en 1962, ils ne sont plus que 51 élèves pour quatre enseignants. Plusieurs facteurs peuvent expliquer le déclin des écoles chinoises, dont celle de l’école de Chungfa Fuikong. Outre les fermetures répétées qui sont une source d’exaspération et d’injustice pour les Chinois des EFO, il nous faut citer la concurrence des écoles françaises. En effet, ces dernières donnent une meil- leure formation scolaire aux jeunes générations chinoises de la colonie. De plus, dans la perspective d’un non-retour vers la Chine, autrement dit dans la perspective d’un établissement durable à Tahiti, les parents peuvent ainsi espérer une promotion sociale relative de leur progéniture. Cette vision est concomitante avec une certaine prise de conscience de la nécessité d’une scolarisation adaptée aux besoins du contexte local. Il en résulte alors que de nombreux Chinois sont scolarisés dans les établissements français. Par conséquent, les inscriptions dans les écoles chinoises diminuent progressivement. Cette tendance est démontrée dans l’extrait suivant. En effet, la proportion des élèves d’origine chinoise est plus importante dans les écoles françaises que dans leurs homologues chinoises. 61

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