Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
“Les progrès faits en français par les élèves des écoles chinoises sont prati- quement nuls. Les seuls Chinois qui parlent à peu près notre langue sont ceux qui ont suivi les cours des Écoles françaises, laïques ou religieuses. En ce qui concerne la fréquentation des écoles de Papeete par les enfants, les chiffres suivants peuvent être pris comme reflétant approximativement la vérité : A) Écoles chinoises : Philanthropique : 70 ; Koo Men Tong : 50 ; Kouo Min Tang : 125 élèves tous Chinois. B) Écoles françaises laïques École Centrale : 70 ; École Paofai de la Gendarmerie : 56 ; École communale : 10 élèves tous Chinois. C) Écoles françaises religieuses : École des Frères de Ploërmel : 330 ; École des Sœurs : 370 ; École Viénot (protestant) : 175 élèves tous Chinois 53 .” Le fait de pouvoir s’exprimer en chinois et en français est un avantage. Cela facilite les rapports avec le groupe dominant et l’obtention d’un emploi au sein de la communauté chinoise des EFO. Avec la fermeture de la Chine, cette tendance à souhaiter la promotion sociale par les études s’accentue. En effet, tout espoir de retour au pays est effacé. La scolarisation représente l’une des solutions pour s’intégrer à la société polynésienne. Cependant, les études supérieures nécessitent la maîtrise du français, réalité double et incontournable que les Chinois vont s’attacher à concilier. Ce dont Edith Wong-Hee Kam rend si bien compte : “Ainsi réalisèrent-ils la synthèse entre la valeur morale et culturelle dont le Confucianisme avait imprégné leurs mentalités, et la valeur utilitaire sur le plan économique et social à laquelle ces hommes d’outre-mer se montraient sensibles.” (Wong-Hee-Kam 1996 : 388) Ainsi, l’apprentissage du français constitue une première étape vers l’intégration et l’acculturation. Sa maîtrise devient un enjeu social pour les Chinois. Mais elle est également nécessaire pour l’obtention de la naturalisation française. Néanmoins, cette seule preuve ne suffit pas pour acquérir la nationalité française. Il faut également fournir une attestation de scolarité dans une école primaire française. Par ailleurs, il faut également montrer que l’on vit suivant des mœurs françaises. Ces mesures draconiennes, spécifiques aux EFO 54 , font 62 53 Interview effectuée par Michèle de Chazeaux auprès d’un Hakka de Tahiti, ancien élève de l’École Philan- thropique Chinoise, 2004. (L’initiale de l’établissement scolaire a été modifiée.) 54 Selon une informatrice, la nationalité française est plus facile à obtenir en Métropole, étant donné que les Chinois ne constituent pas un problème majeur comme dans les EFO. Par exemple, elle cite le fait que le patronyme doit porter une consonance française lors de la notification de la naturalisation chez le greffier de Tahiti. En effet, les patronymes chinois sont francisés.
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