Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
que peu de Chinois sont naturalisés. De fait, pour accélérer ce mouvement de naturalisation, les autorités administratives décident de fermer les écoles chinoises. Par l’arrêté du 13 juin 1964, le gouverneur Grimald met fin au problème des écoles chinoises. En effet, elles sont tout simplement et définitivement fermées en tant que structure éducative officielle. L’administration coloniale française ne leur délivre plus de mission d’enseignement. Les associations chinoises sont uniquement autorisées à continuer les cours particuliers destinés aux adultes et aux enfants de plus de quatorze ans et non inscrits dans d’autres écoles ou collèges. Dès lors, l’École Philanthropique Chinoise et les autres établissements scolaires chinois disparaissent, et avec eux, les principaux outils de transmission de la culture hakka et chinoise. Par la suite, la transmission des valeurs et de la cul- ture occidentale par l’intermédiaire des établissements scolaires français prend le relais. Elle participe ainsi à un processus d’acculturation profond et continu des Chinois. Ce processus se fait par le déplacement de leurs principaux lieux de transmission culturelle originels vers des espaces de transmission où se dé- ploient les valeurs coloniales. Par conséquent, l’identité ethnique et culturelle des Chinois de Polynésie française évolue progressivement vers l’intégration des valeurs occidentales et tahitiennes. Ces nouveaux lieux de transmission forgent désormais en grande partie l’identité des jeunes Chinois. Ils annoncent également la structuration d’une « nouvelle » identité chinoise en Polynésie française. Les Chinois s’occidentalisent peu à peu et s’ouvrent ainsi davantage à la société polynésienne. À partir de cette époque, l’École Philanthropique Chinoise et les autres écoles chinoises ont désormais leur place dans la mémoire collective et individuelle. Il en est de même pour les autres associations chinoises au fur et à mesure de l’intégration et de l’installation définitive des Chinois en Polynésie française 55 . Plus certaine se fait l’idée de l’installation dans le pays, et plus les associations chinoises occupent une place importante dans l’imaginaire collectif. De fait, à la suite des fermetures des écoles chinoises, les associations chinoises qui les abritent ont tendance à péricliter. En effet, les inscriptions étaient une source de revenus et la vie foisonnante de ces écoles disparaît. Par ailleurs, ce mouvement connaît une accélération à partir de cette même année 1964, riche en événements. D’une part, le Centre d’Expérimentation du Pacifique est installé en Polynésie française, à Moruroa, et d’autre part, la France reconnaît la Chine populaire, ainsi que le gouvernement de Mao Tse Toung : 63 55 En 1957, les EFO. changent d’appellation et se nomment désormais la Polynésie française.
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