Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

“Il est possible de distinguer trois temps forts dans cette année 1964 : tout d’abord, fin janvier, l’émergence d’un consensus politique chez les élus tahitiens en faveur de cette assimilation juridique ; puis quelques semaines plus tard, la création en milieu chinois de l’Union pour le devenir de la Polynésie française (U.D.P.F) ; enfin, après l’intervention du député John Teariki à l’Assemblée nationale, c’est le voyage à Tahiti du Premier ministre Georges Pompidou qui clarifie la position du gouvernement central sur ce point.” (Saura 2002 : 185) L’U.D.P.F. a pour objectif d’obtenir la naturalisation massive des Chinois de Polynésie française, à commencer par ceux nés sur le Territoire. Dans ce but, elle réunit des membres issus des trois principales associations chinoises de Tahiti : Kuo Min Tang, Koo Men Tong et l’Association Philan- thropique Chinoise. Cette association de circonstance se situe au-delà des rivalités précédemment exposées. Néanmoins, il faut attendre l’année 1973 pour qu’une naturalisation massive des Chinois soit décidée. De nos jours, en Polynésie française, on trouve encore des Chinois qui sont devenus des Français « du jour au lendemain ». Que ce soit dans le tiroir d’un bureau ou dans un coffre, certains conservent précieusement les cartes d’identité étrangère, les cartes de séjour, les passeports chinois ou les permis de travail qui rappellent leur identité nationale passée. Ces papiers jaunis par le temps n’ont plus de valeur administrative. Cependant, ils restent des objets symboliques pour leur propriétaire, évoquant pour eux ce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes. Ils reflètent leur identité ethnique et culturelle, mais également et de façon moins agréable, une période où les Chinois n’étaient pas acceptés en Océanie française. Certains conservent en tête les numéros de carte d’identité qui leur ont été attribués. Ce qui représentait, à l’époque, une marque identitaire pour l’administration coloniale et un critère de discrimination pour leurs possesseurs. Ces objets ordinaires interpellent la mémoire et l’identité (Candau 1998) de ceux à qui ils appartiennent. Il en est de même pour les personnes fréquentant l’Association Philanthropique Chinoise, depuis l’annonce de son déclin par la fermeture de son école et par l’intégration progressive des Chinois dans la société polynésienne. Cette association est ainsi devenue un objet de mémoire pour ses membres et la communauté chinoise. Elle est également un objet appartenant à l’Histoire de la Polynésie française. C) L’A SSOCIATION P HILANTHROPIQUE C HINOISE : UN OBJET DE MÉMOIRE L’Association Philanthropique Chinoise est une des plus anciennes associations chinoises de Polynésie française. Elle possède notamment une 64

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