Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

identité et un statut particuliers au sein de la communauté chinoise. En effet, l’histoire de cette communauté 56 traverse en majeure partie cette association, faisant d’elle un objet de mémoire pour ses membres et les Chinois de Tahiti. Tout ceci contribue à donner à cette association une culture et une identité spécifique. 1) Entre mémoire et identité De nombreux Chinois se rappellent avec enthousiasme la vie foisonnante de leur association. Ces souvenirs contrastent avec l’apparent délaissement que semble dégager ces différents lieux de nos jours. Ils constituent pourtant la mémoire de ces différentes associations. Ainsi, ces souvenirs tiennent un rôle majeur dans la formation de l’identité de ces structures collectives. Ce constat n’échappe pas aux membres de l’Association Philanthropique Chinoise, ainsi qu’à leurs identités individuelles respectives. Yves nous en fournit un exemple : « Je me souviens de cette vieille bâtisse, si impressionnante qui abritait notre association. Elle était blanche et ses colonnes peintes en rouge… Je rêve encore de ces soirées où les grandes personnes étaient heureuses et s’amusaient beaucoup. Tout autour de ce bâtiment, des jeunes hommes vendaient des billets de loterie en criant à tue-tête et on pouvait gagner de petites choses : un jeu de vaisselle, une couverture ou un petit cochon de lait… À l’intérieur de la grande salle des fêtes au rez-de-chaussée, les tables étaient déjà occupées par les convives qui dégustaient les plats cuisinés par un grand traiteur chinois de la place. Il y avait forcément du porc à la sauce d’huître, le beignet de crabe que j’adorais, mais aussi le fameux poisson cru à la chinoise… sur la scène se succédaient des pièces de théâtre ou alors c’est S. ou N. qui racontaient des blagues ou exécutaient des sketches qui faisaient tordre de rire toute la grande salle des fêtes. Dans la journée, ce bâtiment transpirait l’intrépidité et l’ardeur des respon- sables à agir pour notre petite communauté dans les domaines les plus divers : problèmes de permis de séjour, problèmes en affaires commerciales, traductions et confection des cartes de vœux, organisation de mariages et autres, etc. Aujourd’hui, j’ai la nostalgie de cette grande époque. Nos parents étaient enthousiastes à l’idée de passer un moment à l’École Philanthropique Chinoise dans la semaine et durant les fêtes. En effet, il n’était pas rare de voir une vingtaine de personnes par jour au premier étage discutant autour d’un verre de thé ou s’essayant à la calligraphie ou au jeu d’échecs chinois. Notre association était vivante et le besoin de s’y retrouver entre amis était nécessaire. De nos jours, rares sont les personnes qui y montent. » 65 56 1865 : Première immigration chinoise massive. Elle est uniquement constituée de coolies chinois destinés à travailler dans la plantation de coton de William Stewart.

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