Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
wok… Sans eux, je ne serais pas là aujourd’hui. Il est important de ne pas ou- blier et de chercher à savoir plus. Ce qui permet de retracer l’histoire familiale mais également d’autres familles chinoises… » La mémoire et l’identité de cette association se confondent avec celles de ses membres. Elles contribuent ainsi à former une identité et une culture d’association propres à l’Association Philanthropique Chinoise. Il en est de même pour les autres associations chinoises du Territoire. La mémoire de cette association est également orale et collective. Dans le cadre de l’Association Philanthropique Chinoise, les points communs des mémoires familiales de chacun permettent de créer une parenté symbolique ou pseudo-parenté (Bonte-Izard 1991 : 550). Cette dernière unit et lie les membres de cette association entre eux, ainsi que leurs descendants. Cependant, il nous faut relativiser ces propos, car certains membres de l’asso- ciation possèdent des liens de parenté réels, d’affinité ou consanguins. Par exemple, J., Y. et M. sont des cousins parallèles. Leurs parents ont fait partie de cette association où les rapports familiaux sont multiples et variés. Ces rapports forgent ainsi une culture d’association basée sur la mémoire familiale et les valeurs familiales. Pour preuve, certains membres de l’Association Philanthropique Chinoise considèrent cette association comme une seconde « maison ». Ce fait s’explique par l’ancienneté des rapports qu’ont noués leurs familles respectives avec cette structure. La filiation historique à l’association est un moyen par lequel on est déterminé et identifié. Elle est alors une référence identitaire, et il n’est pas rare d’entendre – dans le but de l’identifier - qu’un tel fait partie de telle ou telle association chinoise. L’appartenance familiale à une association chinoise, et notamment à l’Association Philanthropique Chinoise, permet de déterminer et de « placer » les identités de chacun des Chinois de Polynésie française. C’est par exemple ce que pense Yves. Ainsi, si vous vous promenez dans les ruelles de Papeete ou si vous fréquentez l’Association Philanthropique Chinoise, il se peut que vous entendiez au cours d’une conversation entre Chinois : « Tes grands-parents étaient à Chungfa Fuikong ! Tes parents étaient à Chungfa Fuikong ! Tu es de Chungfa Fuikong ! ». Mais inversement, les familles à qui l’on a affaire peuvent permettre d’identifier en quelque sorte les associations. Elles donnent ainsi à ces dernières du « corps ». Il est donc connu que certaines familles chinoises fréquentent exclusivement les mêmes associations chinoises. Cette filiation historique participe aux identifications par rapport qui contribuent à former l’identité locale de chacune de ces associations. Il en est 69
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