Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

compatriotes… reconnaître la pérennité de la famille G.T qui a agi pour l’Association Philanthropique, pour que l’Association Philanthropique perdure. Il y a un peu plus de soixante-dix ans que cette association existe… Arrivé à un certain âge dans la vie active, je me suis senti prêt à apporter ma pierre, pour moi aussi laisser une trace dans ma vie, ici, passée sur terre, dans l’association, dans l’école chinoise où mon grand-père a été accueilli et ainsi de suite. Parce que je le vois comme un devoir, comme une obligation, et aussi comme un besoin de s’identifier à un groupe, de Chinois. » Ceci a une importance capitale pour Martin, puisqu’il ajoute, au cours de l’entretien, que son action au sein de l’association lui permet « de s’identifier ». C’est un moyen pour lui de connaître et de construire son identité. En consé- quence, l’Association Philanthropique Chinoise est assimilée à un « outil ». Ce dernier peut permettre à un individu de façonner son identité chinoise et hakka. Il lui fournit notamment des repères culturels et identitaires. Ces der- niers sont issus de la reconstruction du passé par l’intermédiaire de cette asso- ciation. Ainsi, l’Association Philanthropique Chinoise conforte et affirme cette ethnicité chez les individus qui la considèrent comme un objet patrimonial et comme un objet de mémoire. De plus, si la culture de cette association se base sur la mémoire fa- miliale et les valeurs qui entourent la famille chinoise, elle s’appuie également sur le fait que l’Association Philanthropique Chinoise représente un objet pa- trimonial. En effet, ce dernier s’est progressivement fixé dans le temps et dans l’espace. Il est à la fois le sujet de diverses représentations. 3) Un patrimoine réel et idéel La patrimonialisation familiale de l’Association Philanthropique Chi- noise peut être étendue à une définition patrimoniale de ce lieu. Ainsi, selon la définition qu’en donne Jean-Pierre Babelon et André Chastel : “Le patrimoine, au sens où l’on entend aujourd’hui dans le langage officiel et dans l’usage commun, est une notion toute récente, qui couvre de façon nécessairement vague tous les biens, tous les trésors du passé…” (Babelon, Chastel 2000 : 11-12) Cette citation est très représentative de la manière dont est vécue l’Association Philanthropique Chinoise à Tahiti. En effet, sa disparition pourrait signifier, pour les Chinois de Polynésie française, la fin d’un objet historique. Par conséquent, l’Association Philanthropique Chinoise est en soi un « bien du 71

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