Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
cas de nos jours. Son expression n’est plus le but recherché mais sa promotion et son développement sont mis en avant pour qu’elle puisse se pérenniser. Outre les raisons familiales et la filiation historique 83 , d’autres moti- vations peuvent compléter ou expliquer les adhésions actuelles. Des objectifs culturels sont notamment invoqués ainsi que le fait de pouvoir rencontrer d’autres individus. Ces adhésions participent donc d’une certaine manière de cette ouverture vers les « Autres ». Pour le constater, s’intéresser aux membres actifs, c’est-à-dire aux bénévoles 84 , est incontournable compte tenu du contexte. Ces derniers font principalement partie du bureau et du conseil d’Administra- tion. En conséquence, il nous faut analyser les rapports du bénévolat 85 et de l’association qui nous occupe. Par ailleurs, ces liens sont communs au milieu associatif d’aujourd’hui. Mais en ce qui concerne l’Association Philanthro- pique Chinoise, il s’agit d’une donnée nouvelle puisque la logique bénévole est récente. Cette logique tend à expliquer un nouveau type d’adhésion, dans la mesure où elle n’existait pas auparavant. En effet, elle était supplantée par la logique communautaire qui incitait les Chinois à adhérer à cette association. Les engagements des bénévoles ont donc évolué. Ils se sont transformés en fonction de cette structure associative et du contexte dans lequel elle s’inscrit. Les identités des bénévoles et de l’association se fondent, s’imprègnent mutuellement et interagissent entre elles. Elles créent ainsi un ensemble de représentations individuelles et collectives. 87 83 « Les associations peuvent s’appuyer sur une appartenance organique, autrement dit une appartenance hé- ritée où les individus s’inscrivent du fait de leur origine comme la famille mais elles lui confèrent, se faisant, un autre statut : l’appartenance n’est plus seulement héritée, elle est aussi revendiquée comme une source d’iden- tité et de socialisation. Surtout les associations sont loin d’être toutes articulées à des formes d’appartenance organique, elles peuvent aussi résulter d’une coordination ou d’un compromis d’intérêts. Elles peuvent enfin construire des appartenances volontaires dans lesquelles des individus s’engagent avec d’autres en fonction de principes rassembleurs ou à partir d’une orientation commune d’action à objet limité. » (Laville, Sainsaulieu 1997 : 64-65) 84 « Trois types de population cohabitent dans les associations : les adhérents – qui sont les plus nombreux - , les bénévoles et les salariés. L’adhésion est généralement le premier pas avant le bénévolat (mais ce parcours n’a rien d’obligatoire) : de membre « passif », on devient membre « actif » si l’on juge que son engagement peut apporter quelque chose à l’association. On s’aperçoit aussi que beaucoup de salariés des associations, se sen- tant concernés par le projet associatif, consacrent aussi du temps bénévolement à l’association dans laquelle ils travaillent (en en comptant pas, par exemple, leurs heures supplémentaires). Les frontières entre adhésion et bénévolat et salariat d’autre part, ne sont donc pas complètement étanches. » (Halba 2003 : 34). Comme la plupart des associations, l’Association Philanthropique Chinoise a recours principalement au travail bénévole. 85 « En plus de la notion de don de soi, cinq conditions caractérisent le bénévolat comme le volontariat. Le bé- névole ou le volontaire est celui qui s’engage (notion d’engagement), de son plein gré (notion de liberté), de ma- nière désintéressé (notion d’acte sans but lucratif), dans une action organisée (notion d’appartenance à un troupe, à une structure, au service de la communauté (notion d’intérêt commun) » (Halba 2003 :10)
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