Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

Deux types de bénévoles se rencontrent à l’Association Philanthro- pique Chinoise : les seniors et les jeunes pour reprendre les termes d’Halba (Halba 2003 : 85-96). Selon les membres de l’Association Philanthropique Chinoise, les bénévoles sont couramment désignés par les termes suivants : les « anciens », ou amicalement les « vieux », et les « jeunes ». Les premiers sont les plus nombreux. Il en est de même pour l’ensemble des adhérents. Cette supériorité numérique contribue à donner une image vieillissante, voire inactive, à cette association. L’Ancien se reconnaît car il est généralement un retraité ou un pré-retraité. Il possède également une expérience et une pratique importantes de l’association, lesquelles sont notamment reconnues par les jeunes. Ainsi, d’après John : « C’est vrai que je suis rentré dans l’association mais il y a beaucoup de vieux. Beaucoup de vieux, on peut penser que c’est un problème mais sans eux je crois qu’on ne pourrait rien faire. » Le senior est généralement un membre ancien. Il a pu être élève à l’École Philanthropique Chinoise et a peut-être une filiation historique avec cette association. Outre ces liens qui l’unissent à l’Association Philanthropique Chinoise, d’autres raisons peuvent expliquer le fait que ce membre y soit resté. Ainsi, un de ces Anciens a dit qu’en donnant des cours de langue, cela lui permettait d’aider l’association et d’avoir une occupation cérébrale. À condition que cela ne soit pas une contrainte, notamment en matière de temps. D’autres ne souhaitent pas être de simples consommateurs des services de l’association. Ils veulent y jouer un rôle actif et y avoir des responsabilités. Ils ont également le sentiment d’être utiles et d’œuvrer pour l’Association Philanthropique Chinoise et pour l’ensemble des Chinois de Polynésie française. Le bénévolat brise ainsi « l’image caricaturale d’un troisième ou d’un quatrième âge passif, uniquement consommateurs de biens et de services de loisirs. » (Halba 2003 : 87) “Les raisons ou les motivations de l’engagement des seniors sont le plus souvent les suivantes : structurer son emploi du temps, se lancer de nouveaux défis, continuer d’exercer son activité dans un cadre non professionnel, faire quelque chose d’utile, de productif, utiliser ses compétences et ses ressources, contribuer au bien-être de la société, rencontrer des gens, occuper son temps de manière utile, avoir une vie publique, rester au contact avec les générations plus jeunes, éviter l’exclusion sociale, avoir quelqu’un à qui parler.” (Halba 2003 : 86-87) Quant au « jeune », il se reconnaît aisément à l’Association Philan- thropique Chinoise car il est pour ainsi dire une « denrée rare ». Il est généra- 88

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