Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

rapport au contexte associatif, pour que soit assuré l’« idéal » des fondateurs et pour que la culture chinoise et hakka ne tombent pas dans l’oubli. « Il faut vivre sa culture ! » comme l’a confié une personne de cette association. Cette peur de voir toute trace de sinité disparaître signifierait la fin de l’Association Philanthropique Chinoise, et pour certains, celle de leur culture 86 en Polynésie française. Ainsi, le « travail bénévole 87 », la figure du « bénévole 88 » et le « bé- névolat 89 » sont des caractéristiques récentes pour l’Association Philanthro- pique Chinoise. Ces logiques n’existaient pas lors de sa création en 1921. Elles ont officiellement perduré jusqu’aux modifications apportées aux statuts, le 3 décembre 1982. Le groupe ou le « Nous » ne sont plus les seuls bénéficiaires des actions de l’Association Philanthropique Chinoise. Cette dernière est devenue un espace où se côtoient régulièrement Chinois et non-Chinois. Le don aux étrangers (Godbout 2000) fait désormais partie des actions de l’Asso- ciation Philanthropique Chinoise. Il est révélateur de sa modernité : “Le don aux inconnus est effectivement une spécificité moderne, un quatrième secteur, entre l’Etat et la sphère privée, relevant de principes du don au moins en partie, et permettant par ailleurs aux gens ordinaires de manifester un altruisme qui déborde la sphère des rapports personnels, comme l’affirme Titmuss.” (Godbout 1992 : 91) Face à ces données, certains Chinois diront que l’Association Philanthro- pique Chinoise s’est ouverte. Ils en arriveraient presque à aller à l’encontre de ce processus. Car, pour eux, cela trahit l’esprit des fondateurs, à moins qu’il ne s’agisse là de la prépondérance d’une appropriation de cet espace. Dans tous les cas, il semble que si l’Association Philanthropique Chinoise veut continuer 90 86 On peut se poser la question : mais qu’en est-il de cette culture ? La chinoise ? La Hakka ? Celle d’ici ou de là-bas, en Chine ou en pays hakka ? 87 « Un travail non rémunéré, du temps passé à rendre service à divers groupes ou organisations en dehors de la famille et des amis » (Arcambault 2002 : 19) 88 « Le bénévole donne son temps. Il ne le fait pas payer et ne demande rien en retour. En ces sens, il va à l’encontre des valeurs de la société actuelle fondée sur le salaire et le profit. » (Godbout 2000 : 74). On pourrait également ajouter : « Quant aux bénévoles, qui sont la pierre de touche des associations, ils ne reçoivent pas de compensation matérielle pour leur travail, n’étant pas salariés. Mais ils attendent une récompense immatérielle : do ut des (je donne pour que tu donnes)… Le travail bénévole associatif ou communautaire a pour contrepartie le prestige social, la perspective d’une carrière politique ou la pure satisfaction d’un sentiment altruiste. » (Halba 2003 : 22-24) 89 Dans le sens que « le bénévolat est un don de temps à des étrangers » (Godbout 2000 : 74)

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