Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire
son existence, elle se doit de s’adapter au contexte actuel et d’élargir son ouverture sur la société polynésienne 90 . De nos jours, l’Association Philanthropique Chinoise est une association dite « employeur », car elle possède au moins un salarié. Cependant, en tant que structure associative, l’association s’appuie principalement sur le bénévolat 91 pour pouvoir atteindre et réaliser ses objectifs. Dans cette perspective, les acteurs associatifs ne sont plus exclusivement et obligatoirement chinois. En effet, certains ont confié que la précédente « équipe » était dépassée, voire « un peu fermée », et que l’ « on voyait toujours les mêmes à chaque soirée et à chaque cocktail ». Néanmoins, malgré l’ouverture décrite, quelques domaines peuvent être pensés comme réservés aux Chinois, tel que le bureau ou le conseil d’administration, ou encore les postes clés de Président ou de Trésorier. Ceci s’explique par l’identité de l’Association Philanthropique Chinoise, laquelle fait appel à une culture d’association particulière. Par exemple, il n’est pas donné à tout le monde de rentrer dans le conseil d’administration. Ce dernier se compose de trente membres au maximum. La procédure officielle est la suivante selon John : « Pour rentrer dans le conseil d’administration, il faut deux ou trois parrains, je crois. Qui sont déjà membres du conseil d’administration, qui veulent te parrainer. Ensuite, il faut qu’il y ait un poste du conseil d’administration pour t’élire parmi le conseil d’administration. Bien sûr, il faut que ce soit un siège vide et il faut que ce soit validé par le conseil d’Administration. » Cependant, dans la réalité cette pratique tend à être détournée, du moment où l’on est connu et reconnu par les autres membres de l’association. 91 90 Par ailleurs, cette ouverture est récente, comme nous pouvons le constater par cet événement interne à l’association : « Le Président propose de mettre la salle polyvalente en location. Le débat est ouvert. M. H.M intervient, et dit qu’il est choqué. Le Président lui dit de laisser de côté son amour-propre ainsi que le côté matériel. D’autres membres présents participent au débat. Le Président souligne que la salle polyvalente n’est utilisée que deux fois, par an au bénéfice de l’Association. Le Président souligne que la location à divers usagers pour des utilisations diverses, ou l’idée de créer un deuxième parking payant apporterait un surplus de revenus. Ces revenus permettraient à l’Association de faire face à ses engagements financiers et parallèlement de faire des avancements dans le domaine de la promotion à caractère culturel, social ou autres. Rien n’ayant été décidé, le Président propose aux membres présents de se donner un temps de réflexion. Cette proposition est acceptée. » (les initiales ont été modifiées) Source : P.V. Association Philanthropique Chinoise, Papeete, 28 février 2003. Cette réaction face à cette ouverture montre que cette dernière semble avoir été perçue comme une « intrusion » dans l’association. À moins que ce ne soit le « détournement » d’un bien culturel en un bien commercial ? 91 Les bénévoles peuvent être constitués de personnes de toutes les origines, aussi bien chinoises que non. Ainsi, ce fut notamment le cas lors de l’exposition sur l’Écriture Chinoise organisée en partenariat avec le Centre Culturel Chinois de Paris, 3-25 février 2005.
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