Les Chinois de Polynésie française Entre permanence et transformation identitaire

Les relations sociales qui se constituent au sein de l’Association Philanthropique Chinoise représentent les liens qui se forment entre les « Autres » et le « Soi ». Si nous avons vu ce qu’il existe à l’intérieur et entre les acteurs sociaux, il nous reste à traiter ce qui compose le « Soi » au contact des « Autres ». 3) La définition de « Soi » En tant que lieu privilégié de sociabilité, l’Association Philanthropique Chinoise est propice à la rencontre avec d’ « Autres ». Mais elle est également un lieu propice à la rencontre de « Soi » par l’intermédiaire de ces derniers et par un effet « miroir ». Ainsi, les différences perçues à travers les « Autres » nous renvoient à notre « Soi », à ce qui est en chacun de « Nous ». Ce « Soi » unique et distinct, car il est construit à partir des «Autres » qui sont eux-mêmes singuliers s’ils sont pris individuellement. Mais avant tout, précisons avec Ruano-Borbalan (1998 : 35) que le « Soi » : “…désigne l’ensemble des perceptions, sentiments et de représentations qu’une personne se fait d’elle-même : il renvoie ainsi à des notions familières comme l’image de soi, le sentiment ou l’estime de soi. C’est donc une notion phéno- ménologique, de l’ordre du vécu.” Cette définition désigne ce que l’on entend généralement par identité personnelle (Camilleri 1990 : 172). Ainsi, l’Association Philanthropique Chi- noise, en tant que groupe, est donc un des théâtres de la construction identitaire individuelle et de la perception de soi. Ce groupe n’est pas uniquement parcouru de similitudes organisées et rassemblées autour des intérêts et des objectifs communs que dirige cette structure associative. Il est également composé d’altérités représentées et maintenues par les membres de cette association et les individus qui la fréquentent. Cette dernière est alors un cadre propice à l’observation de ces différences, et notamment à la représentation et à la présentation de soi au sens d’Erving Goffman (Goffman : 1973). Ce chercheur met en évidence l’importance que l’individu accorde au regard de l’autre sur le maintien de sa propre identité. Ainsi, la présentation de soi vise à donner une certaine image de soi dont on attend qu’elle soit confirmée par autrui. Toujours au regard de cet auteur, l’un des enjeux essentiels est la face que nous tentons de faire accepter aux autres. La face désigne la valeur sociale positive qu’une personne revendique (Goffman 1973 : 9). Si ce concept semble se retrouver dans toutes les sociétés humaines, il semble particulièrement 92

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